LES 20 FUTURS CHAMPIONS DE LA TECH – Avant d’être une start-up courtisée par l’accélérateur de Google, de lever plusieurs millions d’euros et de convaincre des clients aussi importants que Nestlé ou Lactalis, Lengo.ai est un projet mûri par un trio de têtes bien faites.

Côté technique, Ismaïla Seck, ingénieur sénégalais et docteur en informatique, spécialiste du deep learning. Il a été formé à la recherche à l’African institute for mathematical sciences (Aims) par son compatriote Moustapha Cissé, référence de l’intelligence artificielle made in Africa.

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Côté orchestration, le franco-américain Max Smith. Formé aux sciences politiques avec une spécialisation sur l’Afrique au Kenyon College, dans l’État de l’Ohio, ce passionné de tennis a mené pendant un an une étude sociologique au Togo sur l’évolution des relations et des échanges entre zones rurales et urbaines à la faveur du développement de l’internet mobile. Une expérience qui a déterminé la suite de son parcours, dédié à l’étude de marché et à la perception des consommateurs.

Côté stratégie commerciale, Roger-Xavier Macia. Formé à l’Essec, à Paris, il a été le plus jeune directeur commercial de filiale au sein du groupe Jumia. Il connaît également les coulisses de la stratégie commerciale de la plateforme singapourienne de e-commerce, Shopee, l’une des plus grande success story d’Asie du Sud-Est. À la faveur de l’année 2020, placée sous le signe du Covid, et du recrutement de partenaires issus de la grande consommation pour Jumia (Patisen, Castel, Kirène), il découvre le manque cruel de données de marché auquel font face les grands groupes qui distribuent leurs produits chez les détaillants.

Un assistant vocal intelligent pour les détaillants

Selon les cofondateurs de Lengo.ai, ces petits commerçants représentent 80 % des achats de biens de consommation au Sénégal. De quoi transformer tout un pan de l’économie informelle en données solides, et ouvrir ainsi de nouvelles perspectives commerciales tant pour les détaillants que pour les poids lourds de la grande consommation.

C’est de ce constat qu’est née l’idée de Lengo.ai, une start-up qui fournirait à ces détaillants de quoi produire et communiquer de la donnée analysable par les producteurs de bien de grande consommation du continent, mais aussi par les importateurs et les géants de l’agroalimentaire. Pour y parvenir, la jeune pousse qui emploie actuellement une quinzaine de collaborateurs, ambitionne d’équiper les commerçants d’un logiciel de commande, de gestion des stocks et de facturation facilement manipulable via une tablette.

Premier grand modèle de langage africain

C’est là qu’intervient la touche intelligence artificielle du modèle de Lengo.ai. Avec ses développeurs, Ismaïla Seck, conscient que les petits commerçants ne sont pas tous alphabétisés, a conçu un assistant vocal capable de reconnaître et d’interagir avec n’importe quelle langue locale, au Sénégal et, plus tard, dans le reste du continent. « Nous développons un modèle frugal capable de reconnaître et d’apprendre rapidement une langue sur la base de seulement quelques sons », explique le docteur en informatique. En d’autres termes, les fondateurs trentenaires de Lengo.ai – qui confient avoir été contactés par de potentiels clients au Kenya – préparent déjà leur stratégie d’expansion géographique.

Pour l’heure, Lengo.ai, qui a entamé sa phase d’amorçage en octobre 2023 à la faveur d’une levée de fonds à sept chiffres et de son intégration au sein du programme d’accélération des start-up africaines de l’AI de Google, ne se rémunère qu’auprès des clients de la grande consommation et de l’agroalimentaire. Mais à termes, l’entreprise installée dans le quartier du plateau à Dakar compte bien tirer parti des détaillants, en réfléchissant à un modèle d’affaire spécifique. D’ici là, la priorité est au développement d’un assistant vocal qui pourrait faire des acteurs du secteur informel « les early adopters insoupçonnés du premier grand modèle de langage africain », se réjouit Roger-Xavier Macia.