Le ministre de la Justice dénonce une absence d’Etat de droit

Dénonçant  des « entraves » et l’absence d’un véritable Etat de droit en Libye, le ministre de la Justice Mustapha Abdeljalil a annoncé son intention de quitter son poste.

Mouammar Kaddafi estime lui que la loi « doit être changée » © Reuters

Mouammar Kaddafi estime lui que la loi « doit être changée » © Reuters

Publié le 28 janvier 2010 Lecture : 2 minutes.

Le ministre libyen de la Justice Mustapha Abdeljalil a déclaré jeudi vouloir quitter ses fonctions devant les "entraves" auxquelles il fait face, citant notamment son "incapacité" à libérer 300 prisonniers dont l’innocence avait été établie.
Mustapha Abdeljalil a déploré "l’incapacité du ministère de la Justice d’exécuter des jugements innocentant 300 prisonniers libyens qui croupissent encore en prison".
"Devant ces difficultés et entraves que je ne peux surmonter, je ne peux plus continuer", a pourquivi le ministre à la réunion annuelle du Congrès général du peuple (CGP, Parlement) retransmise à la télévision d’Etat.
Il a fait également état de la libération, contre sa volonté, de prisonniers condamnés à la peine de mort, sans l’accord des familles des victimes.

La loi ne s’applique pas aux terroristes

Le numéro un libyen Mouammar Kadhafi, qui a assisté ensuite à une partie de la réunion, s’est abstenu de réagir à la déclaration du ministre faisant état de sa volonté de quitter son poste, mais a jugé ses propos "malvenus".
"Renseignement pris, il s’avère que les prisonniers évoqués par le ministre (…) sont des terroristes d’Al-Qaïda détenus pour des raisons de sécurité", a-t-il dit, sans expliquer la raison pour laquelle les "terroristes" avaient été innocentés par la justice.

"Il s’agit de terroristes qui ont tué des policiers et des citoyens libyens. Ce sont des gens dangereux auxquels les textes de loi ne s’appliquent pas (…) Qui assumera la responsabilité de leur libération ?", a-t-il poursuivi.
Concernant la libération de prisonniers condamnés à mort, contestée également par le ministre, le colonel Kadhafi a expliqué qu’il s’agissait de neuf cas qu’il avait amnistiés.
"Ce sont des cas de meurtre de légitime défense et de crimes d’honneur", a-t-il dit.
"Il faut changer les lois. On ne peut pas condamner quelqu’un à la peine de mort parce qu’il a tué pour défendre sa vie ou son honneur", a-t-il encore ajouté.

des dérives dénoncée par l’un des fils Kadhafi

Le cas des prisonniers "injustement détenus" a été évoqué à plusieurs reprises par l’organisation de défense des droits de l’Homme Human Rights Watch (HRW), ainsi que par la Fondation Kadhafi, présidée par Seif el-Islam, fils de Mouammar Kadhafi, et qui est active dans le domaine des défense des droits de l’homme.
Dimanche dernier, HRW a de nouveau appelé le gouvernement libyen à "relâcher immédiatement les prisonniers injustement détenus".
Dans un rapport, la Fondation Kadhafi avait appelé récemment à la libération de tous les prisonniers dont l’innocence avait été établie et ceux ayant purgé leurs peines, accusant l’administration et le gouvernement de ne pas respecter les décisions de justice.

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