Formaliser les petites entreprises : ces start-up africaines relèvent le défi

C’est le rêve de nombreux gouvernements et autres institutions de développement depuis des décennies… et désormais celui de jeunes entrepreneurs africains ambitieux : formaliser un tissu économique qui peut représenter jusqu’à 90 % des emplois dans certains pays. Ces nouveaux venus auront-ils davantage de succès ?

© Montage JA ; Adobestock

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Publié le 17 mai 2024 Lecture : 4 minutes.

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Les 20 futurs champions de la tech africaine 2024

Jeune Afrique dévoile sa liste des 20 futurs champions de la tech en Afrique. De la robustesse de l’espace francophone aux nouvelles valeurs montantes, voici les tendances qui ressortent de notre palmarès 2024 des 20 start-up « early stage » les plus prometteuses du continent.

Sommaire

LES 20 FUTURS CHAMPIONS DE LA TECH – Formaliser l’informel et booster les ventes des petits commerçants, quels qu’ils soient. Cette année, les start-up des services aux professionnels qui fascinent les investisseurs sont résolument celles qui se tournent vers la multitude des petits commerces qui font le quotidien et l’identité du continent.

Chowdeck, futur Uber Eats continental ? (Nigeria)

Efficacité, rapidité, croissance… Le spécialiste de la livraison de repas et de produits alimentaires à domicile Chowdeck continue de réussir là où tant d’autres ont échoué au Nigeria. Après le départ des géants du quick commerce comme Jumia et Bolt pour rationaliser les coûts, les cofondateurs de la start-up créée en 2021, Femi Aluko, Olumide Ojo et Lanre Yusuf, veulent croire en leur bonne étoile.

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Diplômés de l’université Obafemi-Awolowo, les trois entrepreneurs, dont les deux premiers sont passés par le géant nigérian de la fintech Paystack, et le troisième par le spécialiste de solutions innovantes en matière de processus d’entreprise Crown Interactive Limited, ne manquent pas d’ambition pour les mois à venir : optimiser leur service de livraison, étendre leur présence à travers le pays, et gagner des parts de marché après une nouvelle levée de fonds de 2,5 millions de dollars.

Déjà présente dans huit États du Nigeria, la start-up, accompagnée par le célèbre incubateur californien Y Combinator, compte sur le service de géolocalisation et les incitations offertes aux livreurs, notamment la prime pour travailler le dimanche, pour assurer un délai de livraison inférieur à 30 minutes et continuer sa montée en régime.

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Orda Africa, le big data de la restauration (Nigeria)

En 2023, le riz jollof a été le plat le plus commandé par les Nigérians. Leur protéine préférée a été le bœuf et leur boisson fétiche, le Coca-Cola. Le tout pour des paniers moyens à 4 703 nairas. Ces données, Orda Africa les fournit désormais chaque année en piochant dans des statistiques générées par sa plateforme, qui connecte plus de 1 000 restaurants au Nigeria et a procédé en 2023 à plus de 11 millions de transactions.

L’entreprise – initialement baptisée StarKitchens – fondée en 2020, à Lagos, par le Congolais Guy Futi et quatre associés, a rapidement connu un fort engouement auprès des petits restaurants à qui elle s’adresse. Gestion des stocks, des commandes sur place ou à emporter via des plateformes comme Bolt Food, Chowdeck ou Glovo, mais aussi analyses marketing et création d’applications… Orda Africa offre l’ensemble de ces services en une seule solution, accessible en ligne et développée pour résister aux connexions internet aléatoires. De quoi convaincre en tout 22 investisseurs d’injecter 4,5 millions de dollars depuis sa création. 

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Socium, le service RH premium (Sénégal)

Connecter les talents africains aux entreprises et faciliter la gestion du recrutement, de A à Z, sur le continent, c’est la mission que s’est donnée Samba Lo, le fondateur de la start-up Socium Job. Après avoir fait ses premières armes dans le monde du conseil et de la finance chez BNP Paribas, AXA, Deloitte, Goldman Sachs et Rothschild & Co, le Dakarois formé à l’école Polytechnique de Paris s’est lancé dans l’entrepreunariat en novembre 2021 avec un objectif : avoir de l’impact.

Initialement spécialisée dans la gestion d’offres d’emploi, la jeune pousse a rapidement aiguisé l’appétit des investisseurs avec une première levée de fonds de 1 million d’euros effectuée, entre février et mai 2022, auprès de capital-risqueurs tels que Breega, Teranga Capital, Kima Ventures, Techmind et Evolem Start.

Avec des bureaux installés à Dakar, à Abidjan et à Douala, Socium Job, déployée dans 11 pays en Afrique subsaharienne francophone, compte aujourd’hui des clients de renom comme EY, Mazars et Orange. Après avoir élargi son service à l’évaluation de la performance et à la gestion de la paie et des congés, la start-up s’apprête à intégrer des fonctions d’intelligence artificielle, avant de s’attaquer prochainement à l’Afrique anglophone.

Tappi, de la publicité en ligne pour les petits commerçants (Kenya)

Kenfield Griffith, PDG et cofondateur de Tappi avec Louis Majanja, espère convaincre, en Afrique, pas moins de 30 millions de petites entreprises à rejoindre son service de publicité en ligne payable en mobile money ou avec leur crédit téléphonique.

Depuis qu’elle a obtenu 1,5 million de dollars en pré-amorçage, en 2023, la start-up de publicité numérique pour petits commerçants se concentre sur l’acquisition de nouveaux partenaires et l’accroissement de ses ventes directes afin de renforcer sa croissance au Kenya, au Nigeria et en Côte d’Ivoire – sa dernière entrée sur un marché.

Jusqu’ici, elle a surtout réussi à conclure un partenariat avec l’opérateur MTN, pour qui elle a développé la plateforme Thryve, qui permet aux petits commerçants de créer des publicités ciblées en ligne. Mais l’entreprise fondée en 2022 espère bientôt en nouer d’autres, comme avec M-Pesa, de Safaricom.

« Nous voulons vraiment nous concentrer sur la recherche des meilleures voies pour construire et amener des clients qui seraient intéressés par notre produit », déclare Kenfield Griffith.

La jeune pousse gagne de l’argent grâce aux abonnements publicitaires, qui ont jusqu’à présent augmenté de 19 % d’un mois sur l’autre. L’entreprise fondée par ces deux multi-entrepreneurs chevronnés n’a pas encore atteint son seuil de rentabilité. Mais « le chemin pour y arriver est déjà visible », selon le PDG.

Lengo.ai, l’IA au service des commerçants informels (Sénégal)

Cette start-up fait partie de nos trois coups de cœur de l’année. Retrouvez son portrait détaillé ici.

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