Frappes sur Gaza, le Hamas et Israël quittent Le Caire
Israël multiplie les frappes dans la bande de Gaza après un nouvel échec des négociations visant à arracher une trêve et empêcher une offensive israélienne sur Rafah.
Le Hamas a envoyé un message aux autres factions palestiniennes pour expliquer son point de vue sur l’état des négociations indirectes avec Israël qui se déroulaient depuis le 8 mai au Caire. « La délégation a quitté le Caire pour Doha. L’occupation a rejeté la proposition soumise par les médiateurs que nous avions acceptée. En conséquence, la balle est désormais entièrement dans le camp de l’occupation », nom donné à Israël par le mouvement islamiste, a-t-il indiqué dans cette lettre.
Les représentants du Hamas et d’Israël ont quitté Le Caire après « deux jours de négociations », avait rapporté le média Al-Qahera News, proche du renseignement égyptien, précisant que les efforts des pays médiateurs « se poursuivent pour rapprocher les points de vue des deux parties ».
Ce 10 mai, la diplomatie égyptienne a exhorté le Hamas et Israël à faire preuve de « flexibilité » pour parvenir à un accord « dans les plus brefs délais » pour « mettre fin à la tragédie humanitaire » dans la bande de Gaza. Le directeur de la CIA, William Burns, qui s’est fortement impliqué dans les pourparlers au Caire et à Jérusalem rentre aux États-Unis, a affirmé la Maison Blanche.
Le Hamas avait donné son feu vert le 6 mai à une proposition présentée par les médiateurs qui comprend, selon le mouvement, une trêve en trois phases, chacune d’une durée de 42 jours, incluant un retrait israélien de Gaza ainsi qu’un échange d’otages israéliens et de prisonniers palestiniens en vue d’un « cessez-le-feu permanent ». Mais Israël a répondu que cette proposition était « loin de ses exigences » et répété son opposition à un cessez-le-feu définitif tant que le Hamas ne sera pas « vaincu ».
Le Premier ministre Benyamin Netanyahou juge nécessaire une offensive terrestre à Rafah, ville où se cachent selon lui les derniers bataillons du mouvement islamiste mais où s’entassent aussi 1,4 million de Palestiniens, pour la majorité déplacés par les violences. Défiant les mises en garde internationales, l’armée israélienne mène depuis le 7 mai des incursions qualifiées de « ciblées » dans l’est de Rafah et pris le contrôle du passage frontalier avec l’Égypte, verrouillant une porte d’entrée névralgique pour les convois d’aide humanitaire vers le territoire assiégé.
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Le président américain Joe Biden a menacé de cesser les livraisons de certains types de bombes en cas d’offensive sur Rafah, l’avertissement le plus sévère de Washington, principal fournisseur d’armes à Israël, depuis le début du conflit. « Si nous devons tenir seuls, nous tiendrons seuls. Je l’ai déjà dit, s’il le faut, nous combattrons avec nos ongles », a répondu le Premier ministre israélien au président Biden. Le porte-parole de l’armée israélienne, le contre-amiral Daniel Hagari, a affirmé de son côté que celle-ci avait suffisamment d’armement pour « accomplir sa mission à Rafah ».
Selon l’Agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), dont les bureaux à Jérusalem ont été la cible selon elle d’une tentative d’incendie par des « extrémistes israéliens », environ 80 000 personnes ont fui Rafah depuis qu’Israël a appelé, en début de semaine, la population de l’est de la ville à quitter les lieux.
« Des chars partout »
Malgré la réouverture le 8 mai du passage de Kerem Shalom, fermé pendant trois jours en raison de tirs de roquettes selon Israël, l’acheminement de l’aide reste « extrêmement difficile », a expliqué Andrea De Domenico, le chef du bureau de l’agence humanitaire des Nations unies (Ocha) dans les territoires palestiniens. « C’est fou », les Israéliens « ont des chars partout, des troupes sur le terrain, ils bombardent la zone à l’est de Rafah et ils veulent que nous allions chercher du carburant ou des produits de base » dans ces zones de guerre alors qu’ « ils savent que nous ne pouvons tout simplement pas y aller », a-t-il ajouté.
« La situation est désastreuse », a renchéri la directrice exécutive de l’Unicef, Catherine Russell, affirmant que si le carburant n’était pas autorisé à entrer, « les couveuses pour les bébés prématurés ne seront plus alimentées, des enfants et des familles seront déshydratés ou boiront de l’eau non potable et les égouts déborderont en propageant des maladies ».
(Avec AFP)
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