Affrontements religieux : les puits de l’horreur

Au moins 150 cadavres ont été retirés des puits du village de Kuru Karama, près de Jos (centre du Nigeria), après plusieurs jours d’affrontements entre chrétiens et musulmans, dont le bilan ne cesse de s’alourdir.

Le cadavre d’une victime d’affrontements extrait d’un puit à Kuru Karama le 21 janvier © AFP

Le cadavre d’une victime d’affrontements extrait d’un puit à Kuru Karama le 21 janvier © AFP

Publié le 24 janvier 2010 Lecture : 2 minutes.

"Nous avons retrouvé jusqu’à présent 150 corps dans des puits. Mais il y a encore 60 personnes qui sont toujours portées disparues", a déclaré le chef du village, Umar Baza, samedi 23 janvier.

"Nous avons une liste des personnes déplacées de ce village, qui se sont réfugiées dans trois camps et (. . . ) il y a toujours 60 personnes portées disparues", a expliqué ce responsable, joint au téléphone depuis Kano.

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Le chef de l’équipe des bénévoles musulmans dans le village, Mohammed Shittu, a confirmé le nombre de victimes retrouvées dans des puits. "Il y a 150 corps en tout, qui ont été retirés des puits depuis jeudi. Nous allons retourner là-bas aujourd’hui pour ratisser le terrain à la recherche d’autres corps", a-t-il déclaré.

160 morts et 18.000 déplacés

"Selon les récits de survivants, des personnes qui avaient fui les attaques ont été tuées dans des embuscades. C’est pourquoi nous allons là-bas pour trouver d’autres corps", a-t-il dit.

"Nous pensons qu’il y a d’autres corps dans les puits mais le niveau de décomposition rend difficile les opérations d’extraction. Nous avons donc décider de recouvrir les puits avec du sable", a expliqué M. Baza.

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Aucun bilan officiel des affrontements n’a encore été publié mais, selon le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), au moins 160 personnes ont été tuées et 18.000 déplacées.

Les combats inter-religieux continuent

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Les combats avaient éclaté dimanche dernier à Jos, apparemment à cause d’un différend foncier entre deux propriétaires, l’un chrétien l’autre musulman, et s’étaient vite étendus aux communes avoisinantes. Les autorités fédérales avaient envoyé l’armée en masse dès mardi à Jos, mais pas dans les environs de la ville.

L’organisation Human Rights Watch (HWR) a demandé samedi au vice-président nigérian Goodluck Jonathan d’ordonner immédiatement une enquête.

Dans un communiqué publié à Lagos, HRW écrit que des témoins ont déclaré que des groupes d’hommes armés – des chrétiens supposés – ont attaqué une population majoritairement musulmane à Kuru Karama mardi matin.

"Après avoir encerclé la ville, ils ont poursuivi et attaqué des habitants musulmans, dont certains avaient cherché refuge dans des maisons et dans des mosquées locales, tuant beaucoup de personnes qui tentaient de s’enfuir", y compris en les brûlant, selon le communiqué.

Près de 18.000 personnes se sont réfugiées dans des casernes militaires, des églises, des mosquées près de Jos après avoir fui les affrontements, a indiqué la Croix-Rouge.

Des femmes musulmanes déplacées par des affrontements inter-religieux à Jos, Nigeria, le 22 janvier 2010 (© AFP)

 

Eviter un cycle de représailles

Dans une allocution télévisée jeudi soir, Goodluck Jonathan a promis que le gouvernement poursuivrait les auteurs de ces violences.

"Ceux qui, par leurs actions ou leurs déclarations, ont encouragé ou attisé les braises de cette crise, seront arrêtés et rapidement traduits en justice", a-t-il déclaré.

Des renforts militaires ont été envoyés dès mardi soir dans la région. Pour éviter un cycle de représailles, la sécurité a été renforcée dans plusieurs villes du nord (Kano, Kaduna, Maiduguri), une région à majorité musulmane, dominée par l’ethnie haoussa.

La précédente flambée de violence à Jos avait fait entre 300 et 700 morts fin 2008.

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