Mahamadou Issoufou contre Sylvain Itté : plainte promise, plainte due
L’ancien président nigérien a porté plainte pour diffamation contre l’ancien ambassadeur de France au Niger. Ce dernier l’avait accusé d’être impliqué dans le coup d’État contre Mohamed Bazoum, en juillet 2023.
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Damien Glez
Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.
Publié le 13 mai 2024 Lecture : 2 minutes.
Rarement un chef d’État sortant avait été autant glorifié et présenté comme l’un des meilleurs élèves de la démocratie. En 2021, c’est grâce à la volonté de Mahamadou Issoufou de ne pas briguer un nouveau mandat à la tête du Niger que Mohamed Bazoum avait pris ses fonctions, lors d’une passation présentée comme la première transition pacifique et démocratique du pays.
Deux ans et un coup d’État plus tard, le 29 novembre 2023, l’ambassadeur de France chassé du Niger dénonçait devant la commission défense de l’Assemblée nationale française une présumée « implication directe de l’ancien président Issoufou » dans le putsch du 26 juillet. Et Sylvain Itté de préciser, « sans grand risque de se tromper », que l’ancien président aurait « fomenté, ou pour le moins accompagné le coup », en rapport avec la gestion du secteur de l’or noir.
Alors que l’audition du diplomate français s’était tenue à huis clos, elle apparaîtra finalement sur le site internet de l’Assemblée nationale française au moment même où Mahamadou Issoufou s’envolait pour le 37e sommet de l’Union africaine (UA) d’Addis-Abeba, notamment pour plaider en faveur d’une réduction des sanctions économiques décrétées par la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) à l’encontre de son pays.
Atteinte à la dignité humaine
Comme il en avait exprimé son intention, dès février, Mahamadou Issoufou vient de déposer une plainte contre Sylvain Itté au tribunal hors classe de Niamey, pour « diffamation » et « diffusion de données nuisant à la dignité humaine ».
Sur le fond, dénonçant des « allégations mensongères » et un « tissu de calomnies », l’avocat de l’ancien président affirme que son client n’est « ni de près ni de loin associé au coup d’État au Niger » et que « les prétendus éléments de preuve présentés par [Sylvain] Itté ne sont que des inventions ». Il va plus loin en subodorant « un agenda caché » de l’ancien ambassadeur français, « dans le cadre d’une campagne de dénigrement visant à discréditer l’ancien président » nigérien.
Sur la forme, l’entourage d’Issoufou est d’ailleurs persuadé que la diffusion de l’audience du diplomate devant les députés français n’est pas une erreur – selon les termes de la version officielle –, mais une fuite préméditée.
Bis repetita
Ce n’est pas la première fois que l’ancien président est soupçonné d’implication dans le coup d’État qui a propulsé au pouvoir l’ancien responsable de sa garde présidentielle, le général Abdourahamane Tiani. Hinda Bazoum continue ainsi d’accuser Mahamadou Issoufou d’être rien de moins que le « cerveau du putsch » contre son père.
Ce n’est pas non plus la première fois qu’Issoufou porte plainte pour diffamation. En avril 2023, ses avocats condamnaient un « article mensonger et diffamatoire » du média Africa Intelligence à propos d’une autre affaire.
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