288 morts dans des heurts entre chrétiens et musulmans
Au moins 288 personnes ont péri en trois jours de heurts entre chrétiens et musulmans dans la ville de Jos et ses environs, au centre du Nigeria, selon des bilans fournis mardi de sources religieuses et paramédicale.
Ces bilans n’ont pu être vérifiés auprès de sources indépendantes, alors que les combats se poursuivaient encore mardi dans plusieurs secteurs du la ville, chef-lieu de l’Etat central de Plateau, selon d’autres sources.
Le secrétaire de l’Association chrétienne du Nigeria (CAN), le révérend Chung Dabo, a fait état auprès de l’AFP de 65 tués depuis lundi.
"Jusqu’à hier, j’avais 50 morts", a-t-il déclaré. 15 autres ont été tués à Bukuru, cité de banlieue de Jos, a-t-il ajouté.
Trois jours de violences
Dans cette cité, une employée d’un dispensaire public, Maryam Mohammed, a fait état de cinq tués mardi.
A Jos, l’imam de la mosquée centrale, Balarabe Dawud, a déclaré mardi en fin de journée que les corps d’au moins 192 personnes avaient été amenés à la mosquée depuis la nuit de lundi.
Lundi il avait fait état d’un bilan de 26 morts pour la journée de dimanche, jour où les violences ont éclaté.
Des habitants terrifiés ont rapporté être entourés de tirs et de fumées d’incendies à Jos, capitale de l’Etat central de Plateau.
Couvre-feu
Un couvre-feu nocturne avait été décrété dès dimanche soir après des heurts provoqués par la construction d’une mosquée dans un quartier chrétien.
L’interdiction de sortir de chez soi a été étendue mardi "24 heures sur 24 pour Jos et la localité voisine de Bukuru à cause de la reprise de violences dans plusieurs secteurs", a déclaré à l’AFP le porte-parole du gouvernement de l’Etat du Plateau, Gregory Yenlong.
Des habitants joints au téléphone par l’AFP ont indiqué mardi entendre des coups de feu et constater de nombreux incendies.
"D’où je suis, je peux entendre des coups de feu et voir des colonnes de fumée au dessus de certains quartiers de la ville. On dirait que toute la partie nord de Jos est en flammes", a déclaré Ibrahim Mudi, un résident du faubourg de Sabon Fegi.
"Les combats se poursuivent"
David Maiyaki, un chrétien du quartier de Dutse Uku, a expliqué que les heurts avaient recommencé dans la nuit de lundi à mardi: "nous nous sommes réveillés au milieu de combats ce matin. Il y a des tirs, des incendies autour de nous".
"Le couvre-feu total ne semble avoir aucun effet et les combats se poursuivent", a-t-il ajouté, alors que l’annonce du couvre-feu était répétée en boucle à la radio.
"Il est demandé à tous les habitants de rester chez eux pendant que les forces de sécurité agissent pour rétablir l’ordre", a souligné pour sa part M. Yenlong.
Mardi, tous les vols ont été suspendus entre l’aéroport de Jos et le reste du pays.
Précédents
Chef-lieu de l’Etat du Plateau (au sud-est de la capitale fédérale Abuja), comptant environ 500. 000 habitants, Jos est située sur la ligne séparant le sud du Nigeria, à majorité chrétien et animiste, et le nord dominé par l’islam.
Quelque 3. 000 habitants ont été déplacés en raison des violences durant lesquelles des maisons ont été brûlées, avait précisé la Croix Rouge locale, qui n’a pu confirmer le bilan des morts et a fait état de plus de 100 blessés graves.
Le Nigeria, pays le plus peuplé d’Afrique avec 150 millions d’habitants, connaît de fréquentes violences entre musulmans et chrétiens, notamment dans les Etats du centre et du nord où les communautés religieuses ont du mal à cohabiter.
En novembre 2008, des centaines de personnes avaient été tuées en deux jours à Jos au cours d’affrontements religieux.
Boko Haram
Le mois dernier, au moins 70 personnes ont trouvé la mort dans l’Etat septentrional de Bauchi, lors de violences impliquant forces de sécurité et membres d’une secte islamiste radicale, Kala-Kato, connue aussi sous le nom de Maitatsine.
Présente dans plusieurs Etats à dominante musulmane du nord depuis des décennies, cette secte est à l’origine des soulèvements religieux de 1980 et 1992 qui fait plusieurs centaines de tués dans les villes de Kano et Yola (nord).
Une secte similaire, connue sous le nom de Boko Haram (et surnommée "talibans"), a conduit en juillet dernier un soulèvement dans l’Etat de Borno. Des combats lors de l’intervention des forces de sécurité avaient fait au moins 800 tués.
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