Tunisie : après la colère de Kaïs Saïed, le chef de l’agence nationale antidopage arrêté

Dans un contexte extrêmement tendu en Tunisie et sur fond de grève des avocats, le patron de l’agence nationale antidopage a été arrêté, après la dissimulation du drapeau tunisien lors d’un événement sportif international à la piscine olympique de Radès. Le président de la fédération de natation est également en garde à vue.

Le président tunisien, Kaïs Saïed © Photo by FETHI BELAID / AFP

Le président tunisien, Kaïs Saïed © Photo by FETHI BELAID / AFP

Publié le 14 mai 2024 Lecture : 3 minutes.

L’Agence mondiale antidopage (AMA) a exprimé lundi 13 mai sa « préoccupation profonde » après l’annonce de l’arrestation en Tunisie du chef de l’agence nationale antidopage, réclamant sa « libération immédiate et inconditionnelle ». Selon un porte-parole du parquet de Ben Arous, près de Tunis, le président de la Fédération tunisienne de natation (FTN) et le chef de l’agence nationale antidopage ont été placés en garde à vue samedi et une enquête judiciaire a été ouverte après la dissimulation du drapeau tunisien lors d’un événement sportif international à la piscine olympique de Radès.

À cette occasion, le drapeau national avait été caché par un tissu afin de se conformer à des sanctions prises fin avril par l’AMA contre la Tunisie pour non-conformité au code mondial antidopage. En conséquence, neuf personnes sont poursuivies pour « atteinte au drapeau de la Tunisie », « formation d’une bande (organisée) pour commettre des agressions et provoquer le désordre » ainsi que pour « complot contre la sûreté intérieure » de l’État, d’après le parquet de Ben Arous.

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Le 30 avril, l’Agence mondiale antidopage (AMA) avait confirmé la non-conformité de la Tunisie au code mondial antidopage et annoncé des sanctions contre le pays. La Tunisie ne devrait plus pouvoir accueillir de championnats régionaux, continentaux ou mondiaux, et le drapeau tunisien ne serait pas autorisé à être levé aux Jeux olympiques et paralympiques, jusqu’à ce que le pays puisse être réintégré par l’AMA, selon un communiqué officiel.

Dans son communiqué, l’agence expliquait que la décision de non-conformité, « définitive » et « avec effet immédiat » à l’encontre de la Tunisie, résultait de « son incapacité à mettre pleinement en œuvre la version 2021 du code mondial antidopage au sein de son système juridique ». Le pays disposait de quatre mois à partir de novembre 2023 pour adopter « un certain nombre de modifications aux textes législatifs et règlementaires » pour se conformer au code du cadre juridique tunisien.

Trois autres fédérations non conformes au code antidopage

Mais début avril, « les non-conformités n’étaient toujours pas résolues » et l’organisation nationale tunisienne antidopage (Anad) « n’a pas contesté » l’allégation de non-conformité de l’AMA. L’agence mondiale installée à Montréal a souligné que trois autres organisations n’étaient pas  conformes au code mondial antidopage : le comité national olympique de l’Angola, l’agence russe antidopage et la fédération internationale de fitness et de bodybuilding.

C’est dans ce contexte que, samedi 11 mai, le président tunisien Kaïs Saïed avait ordonné la dissolution du bureau de la FTN et le limogeage de son président ainsi que d’autres responsables, après s’être rendu à la piscine de Radès la veille au soir. Sur place, il avait hissé l’étendard du pays et entonné l’hymne national, selon une vidéo diffusée par son bureau.

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Dans un communiqué, l’AMA a qualifié lundi ces informations de « très préoccupantes ». L’Agence « soutient les efforts de l’Anad (l’organisation antidopage tunisienne) et des fédérations internationales pour faire respecter » les sanctions qu’elle a prises, a-t-elle indiqué. Elle réclame la « libération immédiate et inconditionnelle » du patron de l’agence antidopage tunisienne et « l’abandon de toutes les accusations portées contre lui ». L’AMA juge ces arrestations d’autant plus regrettables que « d’excellents progrès ont été réalisés », selon elle, en vue de mettre la Tunisie en conformité avec le code mondial antidopage, laissant entrevoir une levée des sanctions « dans un avenir très proche ».

Dès le 3 mai, le ministère tunisien de la Jeunesse et des Sports avait annoncé la promulgation d’un décret visant à mettre le pays en conformité avec les conventions internationales antidopage. Le ministère de la Jeunesse et des sports tunisien avait aussi annoncé la promulgation d’un arrêté « relatif aux révisions requises », disant vouloir « rassurer l’opinion publique » en Tunisie et les organisateurs de compétitions sportives.

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Dès la publication du texte au Journal officiel, « les sanctions seront levées », affirmait le ministère, dans un communiqué soulignant la nécessité que toute la procédure soit « conforme aux dispositions des textes législatifs et réglementaires de l’État tunisien ».

(Avec AFP)

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