En Algérie, les Canadairs russes se font toujours attendre
Après plusieurs étés marqués par des incendies meurtriers, Alger avait pris ses précautions en commandant des bombardiers d’eau à la Russie. Mais cette commande n’a toujours pas été honorée, et les autorités ont dû trouver d’autres solutions à l’approche de la saison chaude.
Après plusieurs étés consécutifs marqués par des incendies de forêt, aux conséquences souvent meurtrières, l’Algérie pense être parée pour 2024, grâce à l’acquisition par le transporteur aérien Tassili Airlines de cinq avions chiliens contre les feux de forêt déjà réceptionnés. Un sixième le sera avant la fin de l’année.
Il s’agit d’appareils dotés de réserve d’eau limitée à 3 000 litres, loin des capacités des quatre modèles Beriev Be-200 du constructeur russe Aircraft Company dont la commande avait été annoncée officiellement durant l’été 2021 et qui devaient atterrir sur le sol algérien au mois de décembre 2022, mais dont trois n’ont toujours pas été livrés.
Le quatrième, qui se trouve actuellement à l’aéroport militaire de Boufarik, à 35 km d’Alger, a pu être réceptionné grâce à une médiation. « Nous avons pu acquérir le moteur fabriqué en Ukraine et le transférer en Russie pour le montage », avait précisé le ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales en mai 2023, confirmant que la guerre en Ukraine était à l’origine de la livraison retardée.
Face à cet imprévu, le président Abdelmadjid Tebboune avait décidé, lors du Conseil des ministres du 30 avril 2023, de recourir en urgence à des contrats de location pour ne pas rééditer le raté tragique de l’été 2021, quand le pays s’est retrouvé démuni face aux incendies ravageurs qui ont détruit des milliers d’hectares de forêts dans 26 wilayas, entraînant la mort d’au moins 90 personnes, dont 33 militaires. Là encore, Alger s’est d’abord tourné vers les Russes : un Beriev BE-200 a atterri le 15 juin 2023 à Alger et devait rester dans le pays pour une période de trois mois. L’Algérie a aussi loué à une société européenne six autres avions de types Thrust Aircraft.
Tout ce matériel mobilisé n’a pas suffi, néanmoins, à éviter la catastrophe. Durant l’été 2023, l’Algérie a enregistré 140 départs de feu sur son territoire, faisant 37 morts et 325 blessés. Les plus violents ont touché le Nord-Est, notamment une grande partie de la Kabylie. À cause des vents forts, les feux ont entraîné l’évacuation de 1 500 personnes et brûlé des hectares de forêts et de culture.
L’été s’annonce très chaud et risqué
Quand la commande de nouveaux Canadairs avait été lancée en 2021, les autorités avaient expliqué que le choix porté sur le modèle russe était motivé par la capacité de ces appareils de contenir jusqu’à 12 000 litres et d’être alimentés à l’eau de mer. Ils offrent aussi l’avantage d’être versatiles : en plus de la lutte contre les incendies, ils peuvent effectuer des patrouilles maritimes et être utilisés pour le fret. Les autorités algériennes cherchaient aussi des bombardiers d’eau adaptés à la topographie du pays, caractérisée par des zones d’accès difficiles pour les avions ordinaires.
Faute de livraison dans les délais de ces avions russes – un retard dont la cause n’avait à l’époque pas été expliquée – , Alger a sonné la mobilisation générale dès janvier 2024. C’est alors que la compagnie Tassili Airlines, filiale du groupe pétrolier Sonatrach, a été chargée de l’achat de six Canadairs. Mais elle n’a pu acquérir que des appareils de petite capacité. Ce qui a contraint les autorités algériennes à procéder à la location de sept autres avions pour renforcer le dispositif de lutte contre les feux de forêt l’été prochain.
En appoint des moyens de la protection civile et la gendarmerie nationale, le ministère de l’Intérieur a, de son côté, établi une feuille de route qui comprend l’aménagement de bassins d’eau et de pistes d’atterrissage et de décollage pour les hélicoptères d’extinction des feux, ainsi que des mesures préventives conformes aux normes internationales. Ces dernières visent à améliorer l’intervention préliminaire et à sensibiliser la population, précise-t-on. Cette année encore, l’été s’annonce très chaud, d’où le risque croissant d’assister à l’embrasement de zones entières, si les moyens mobilisés ne s’avèrent pas suffisants.
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