La justice saisie des soupçons de « fraude » de la commission électorale

Désiré Tagro, le ministre ivoirien de l’Intérieur, a annoncé avoir saisi le parquet des « soupçons de fraude » visant la Commission électorale indépendante. La confirmation des faits reprochés remettrait en cause « le principe même d’une commission électorale […] indépendante et dirigée par des représentants des partis politiques », a-t-il jugé.

Le ministre de l’Intérieur ivoirien Désiré Tagro lors d’un discours à Bouaké en 2007 © AFP

Le ministre de l’Intérieur ivoirien Désiré Tagro lors d’un discours à Bouaké en 2007 © AFP

Publié le 15 janvier 2010 Lecture : 2 minutes.

Le ministre ivoirien de l’Intérieur, Désiré Tagro, a annoncé jeudi soir avoir saisi le parquet en vue de l’ouverture d’une enquête sur les soupçons de "fraude" visant la Commission électorale indépendante (CEI) dans le traitement de la liste électorale provisoire.

M. Tagro a indiqué à la télévision publique avoir "pris la décision de saisir le procureur de la République près le tribunal de première instance d’Abidjan-Plateau (quartier de la capitale économique ivoirienne, ndlr) à l’effet de diligenter une enquête dans les délais les plus brefs relativement à cette affaire".

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Informations d’une "extrême gravité"

Le ministre a expliqué l’ouverture d’une enquête par des informations d’une "extrême gravité" données par la presse faisant état de "fraudes qui auraient été perpétrées sur la liste électorale à venir" par le "bureau de la commission centrale de la CEI".

Une vive controverse agite la classe politique depuis que le président Laurent Gbagbo a accusé samedi la CEI d’avoir créé en dehors des procédures normales un fichier de "429. 000 personnes à intégrer d’office à la liste électorale définitive" en vue du scrutin présidentiel, reporté depuis 2005 et officiellement prévu pour fin février-début mars.

Si les faits sont avérés, ils "remettent en cause le principe même d’une commission électorale ayant vocation à être indépendante et dirigée par des représentants des partis politiques", a jugé le ministre de l’Intérieur.

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"L’insistance avec laquelle les acteurs politiques de l’opposition ont demandé et obtenu la direction de la Commission électorale indépendante pour organiser les élections eux-mêmes, donne le droit à chaque Ivoirien, en cas d’allégation de fraude, de savoir ce qui s’est passé", a-t-il affirmé.

La démission de Mambé exigée par les partisants de Gbagbo

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Composée de représentants des principaux partis politiques, la CEI est présidée par Robert Beugré Mambé, issu du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI, ex-parti unique) de l’ancien président Henri Konan Bédié, l’une des deux grandes formations opposées à M. Gbagbo.

L’enquête permettra de "vérifier si une entreprise parallèle de traitement des données de la liste électorale a été mise sur pied", a précisé M. Tagro, un proche du chef de l’Etat, plaidant pour "des élections transparentes".

Plus tôt jeudi, les partisans du président Gbagbo avaient exigé à nouveau la démission de M. Mambé.

Le président de la CEI s’est défendu de toute fraude, en recevant jeudi des membres de la communauté atchan (sud): "je n’ai jamais inscrit de façon frauduleuse le nom de quelqu’un sur la liste", a-t-il assuré, selon un communiqué de la commission.

La CEI a reconnu avoir produit "en interne" un document proposant de valider les électeurs contestés, mais a affirmé qu’elle ne l’avait pas – et ne pouvait l’avoir – utilisé.

Le Premier ministre Guillaume Soro s’était efforcé mardi de calmer les esprits, indiquant que le travail mené par la CEI dans le cadre du traitement de la liste serait réexaminé. Selon lui, le fichier controversé est "nul et de nul effet".

Reporté six fois depuis 2005, le scrutin présidentiel est censé mettre fin à la crise née en 2002 du coup d’Etat manqué de l’ex-rébellion des Forces nouvelles (FN) de M. Soro.

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