La junte « exige » le retour de Dadis, les Etats-Unis s’y opposent

Un collectif présidé par Claude Pivi et Moussa Tiegboro Camara a « exigé » « le retour en Guinée du président de la République » Moussa Dadis Camara dans un communiqué. Peu après, les Etats-Unis se sont déclarés en désaccords avec cette perspective souhaitant que « Blaise Compaoré garde Dadis ».

Claude Pivi, ministre chargé de la sécurité présidentielle et numéro 3 de la junte guinéenne. © DR

Claude Pivi, ministre chargé de la sécurité présidentielle et numéro 3 de la junte guinéenne. © DR

Publié le 15 janvier 2010 Lecture : 2 minutes.

Mise à jour à 9h15 le vendredi 15 janvier

Un "collectif" composé des membres de la junte guinéenne et "des chefs d’Etat-major des armées" a "exigé" jeudi "le retour en Guinée du président de la République", le capitaine Moussa Dadis Camara, qui est en "convalescence" au Burkina Faso, selon un communiqué.

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"Le collectif exige le retour en Guinée du président de la République, accompagné de son ministre de la Défense", le chef de la junte par intérim, le général Sékouba Konaté, également à Ouagadougou, est-il écrit dans un texte lu dans la soirée à la télévision publique.

Fidèle au discours de Konaté

Elle a eu lieu "sous la co-présidence du capitaine Claude Pivi (ministre à la Sécurité présidentielle) et du lieutenant-colonel Moussa Tiegboro Camara (ministre à la présidence chargé des services spéciaux) suite aux rumeurs persistantes selon lesquelles le chef de l’Etat serait empêché de retourner chez lui en Guinée".

"Le collectif reste fidèle à l’esprit du discours (du 6 janvier) de Sékouba Konaté rédigé en commun accord avec le président et relatif au choix d’un Premier ministre issu de l’opposition et désigné par elle, à la mise en place d’un gouvernement d’union nationale de transition et à l’organisation rapide d’élections libres et transparentes".

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"Il rassure l’opinion nationale et internationale que le retour du président Dadis renforcera la cohésion nationale, la quiétude sociale et l’unité des forces armées", selon le communiqué

"Nous voudrions que Blaise Compaoré garde Dadis"

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Peu après la lecture du texte, les Etats-Unis ont pris une position opposée, souhaitant que Blaise Compaoré, médiateur de la crise guinéenne et hôte de Dadis à Ougadougou le "persuade" de ne pas retourner en Guinée.

"Nous voudrions que Blaise Compaoré garde Dadis, qu’il lui permette de poursuivre sa convalescence […] et que (le dirigeant intérimaire) Sékouba Konaté ait la possibilité de rentrer en Guinée, et de poursuivre la transition avec les civils", a exposé William Fitzgerald, responsable adjoint des affaires africaines au sein de la diplomatie américaine, à l’AFP.

"Il est très important pour les Etats-Unis" que le chef blessé de la junte "reste en-dehors de la Guinée pendant que cette très fragile transition aura lieu", a-t-il insisté.

Les Etats-Unis affirment que le chef de la junte "dispose dans les faits d’une armée privée". Washington craint la contagion au Sierra Leone, au Liberia "et même à la Côte d’Ivoire".

"Etat-voyou"

"Si quelqu’un comme Dadis gouverne un Etat comme la Guinée, un Etat-voyou, la contagion violente de la région ne sera qu’une question de temps", a insisté le diplomate.

D’après M. Fitzgerald, le président Compaoré "est très conscient qu’un retour de Dadis en Guinée serait très dangereux". Mais "il redoute aussi l’idée que Dadis ne rentre pas, et la réaction qu’aurait à cela le groupe ethnique des Forestiers".

Pour le responsable américain, le dernier communiqué de la junte témoigne de ce que "de nombreux membres de la junte craignent que si Dadis ne rentre pas, ils pourraient avoir à répondre des crimes commis le 28 septembre".

Des discussions de haut niveau se tiennent depuis mercredi soir à Ouagadougou pour décider du maintien en exil ou du retour en Guinée du chef de la junte, blessé par balle à la tête lors d’une tentative d’assassinat le 3 décembre.

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