Copenhague : un accord encore possible ?

Les leaders mondiaux ont exprimé ouvertement leurs inquiétudes jeudi à Copenhague face aux blocages menaçant l’accord contre le réchauffement de la planète que près de 120 chefs d’Etat et de gouvernement doivent adopter vendredi.

Publié le 18 décembre 2009 Lecture : 3 minutes.

Depuis dix jours, les pourparlers achoppent sur la répartition des efforts – financiers et d’engagements sur les réductions des émissions de gaz à effet de serre – destinés à assurer l’objectif affiché: limiter la hausse de la température moyenne de la planète à 2 degrés. Les deux plus grands pollueurs de la planète, Etats-Unis et Chine, s’affrontent notamment sur ce point.

L’Union européenne s’est déclarée "préoccupée par l’absence de progrès". Semblant renvoyer Pékin et Washington dos à dos, elle a appelé chacun, "surtout les grands pollueurs" à aller "de toute urgence jusqu’à l’extrême limite de leur flexibilité".

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Pour les Etats-Unis, la conclusion d’un accord vide de sens sur le climat lors de la conférence de Copenhague serait pire que de revenir les mains vides de la capitale danoise.

Pour le président américain Barack Obama, qui quitte jeudi soir Washington pour participer le lendemain au dernier jour de la conférence sur le climat, "revenir avec un accord vide de sens serait bien pire que revenir les mains vides", a expliqué jeudi le porte-parole de la Maison Blanche, Robert Gibbs. aux journalistes.

Sortir de l’impasse

A peine arrivée à Copenhague, la secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton a de son côté martelé qu’il n’y aurait pas d’accord sans engagement vérifiable des grands pays en développement.

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Elle a promis une participation financière – d’un montant non précisé – de son pays à une enveloppe globale de 100 milliards de dollars par an d’ici 2020 pour lutter contre le réchauffement, mais l’a subordonnée à "des actions significatives" et vérifiables des grands pays émergents.

De leur côté, ces pays insistent sur des engagements permettant de préserver leur croissance économique.

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Les hôtes danois du sommet assuraient "se battre de toutes (leurs) forces pour sortir de l’impasse". Mais "nous sommes entre les mains des parties. Si celles-ci ne veulent pas d’accord, que faire ?", s’interrogeait un membre de la délégation danoise.

Pessimisme auquel le Premier ministre australien, Kevin Rudd, a fait écho à la tribune, disant redouter "un triomphe de l’inaction sur l’action".

Quant à la chancelière allemande Angela Merkel, elle a souligné avant de partir pour le Danemark que "les nouvelles (. . . ) de Copenhague ne sont pas bonnes". Tout en espérant que l’arrivée des dirigeants débloquerait les discussions.

Bonnes résolutions…

Les travaux ont formellement repris en début d’après-midi sur deux textes, portant sur les engagements à venir au titre de la Convention climat de l’ONU et sur l’ouverture d’une deuxième phase du protocole de Kyoto, à partir de 2013.

Le président américain Barack Obama est attendu vendredi, alors que le président français Nicolas Sarkozy, qui s’est refusé à "envisager un échec (. . . ) catastrophique", devait prononcer un discours jeudi en fin d’après-midi.

A moins de 48 heures de l’échéance, le Premier ministre indien Manmohan Singh a rappelé que l’Inde n’acceptera pas un traité qui l’empêcherait de sortir des millions de personnes de la pauvreté.

Le Premier ministre chinois Wen Jiabao, arrivé mercredi dans la capitale danoise, a lui insisté sur "la détermination" et "la sincérité" de son pays.

Pékin – premier pollueur de la planète – comme Delhi se sont dits prêtes à réduire leur "intensité carbonique", qui mesure les émissions par point de PIB mais n’assure pas une réduction en volume compte tenu de leur croissance économique.

…Mais pessimisme ambiant

"Ce n’est pas la négociation dont on rêve du point de vue scientifique", résume le climatologue français Jean Jouzel, vice-président du Groupe international d’experts sur le climat (GIEC).

"On est loin du compte", ajoute-t-il à propos des engagements de réduction des émissions des pays riches à l’horizon 2020, sensiblement inférieurs à la fourchette de -25% à -40% recommandée par les scientifiques.

"Les deux derniers jours vont être importants, mais on voit bien qu’il y a un certain pessimisme", ajoute-t-il, rappelant l’enjeu: éviter un emballement de la machine climatique, qui marquerait une rupture brutale après quelque 10. 000 années d’une grande stabilité du climat sur la Terre.

Pour la journée cruciale de vendredi, un "nombre limité de chefs d’Etat représentant tous les groupes et toutes les régions du monde" se réunira dans la matinée autour du secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon, selon le programme officiel.

Puis, à partir de 14H00 GMT, les dirigeants entreront en session plénière pour l’adoption des conclusions de Copenhague.

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