Tchad-Centrafrique : les otages français en sursis
Le groupe revendiquant l’enlèvement de trois humanitaires français au Tchad et en Centrafrique a lancé jeudi un ultimatum d’une semaine à la France, au terme duquel un otage sera exécuté, affirme-t-il, si Paris n’accepte pas de négocier directement avec lui.
"Nous nous sommes réunis aujourd’hui et nous avons décidé que dans une semaine, si la France n’accepte pas de négocier avec nous, nous allons exécuter l’un des otages que nous détenons", a affirmé par téléphone à l’AFP à Khartoum Abou Mohammed al-Rizeigui, le porte-parole du groupe dénommé "Les Aigles de libération de l’Afrique".
"Nous allons aussi viser les forces françaises au Tchad et nous allons mener des opérations d’assassinat contre des diplomates français", a-t-il assuré.
Abou Mohammed al-Rizeigui a déclaré que les otages étaient "en bonne santé" et se trouvaient tous au Tchad.
Ce groupe peu connu du Darfour, une région de l’ouest du Soudan en guerre civile, revendique le rapt d’un employé français de la Croix-Rouge internationale (CICR), enlevé dans l’est du Tchad, à une dizaine de kilomètres du Soudan.
Menaces de mort
Il revendique également le rapt de deux humanitaires français de l’ONG Triangle GH kidnappés à Birao, ville de la Centrafrique jouxtant le Darfour.
Après les enlèvements, les Aigles de libération de l’Afrique avaient déjà menacé les humanitaires de mort, affirmant ne pas viser d’organisations humanitaires mais bien la France, à laquelle ils reprochent "sa politique dans la région".
Ils exigent de "négocier" directement avec Paris mais "la France veut négocier via une tierce partie comme le Tchad. Or nous rejetons cela", avait affirmé à l’AFP le 30 novembre le porte-parole du groupe.
"Nous allons donc les tuer parce que la France ne veut pas négocier directement avec nous", avait-il ajouté.
Un journaliste de l’AFP avait pu entrer en contact avec l’employé du CICR kidnappé, Laurent Maurice, mais pas avec les deux otages de l’organisation française Triangle GH.
Laurent Maurice, un agronome qui était dans l’est du Tchad pour évaluer les récentes récoltes, avait été enlevé le 9 novembre par plusieurs hommes armés dans le village de Kawa, à dix kilomètres de la frontière avec le Soudan.
La France a indiqué le 1er décembre ne négliger "aucune piste d’information, aucun contact qui pourrait (lui) donner des précisions" sur l’endroit où se trouvent les trois humanitaires et sur les moyens de les faire libérer.
Hausse des enlèvements
En raison du soutien de la France à la Cour pénale internationale (CPI) dans son bras de fer contre le président soudanais Omar el-Béchir, de son accueil d’un important chef rebelle du Darfour à Paris et de sa présence militaire au Tchad voisin, les relations entre Paris et Khartoum sont tendues.
Mais plusieurs observateurs estiment que les Aigles de libération de l’Afrique servent de paravent à des bandits. Les ravisseurs avaient d’ailleurs exigé le versement d’un million d’euros en échange de la libération de Laurent Maurice.
Le même groupe avait revendiqué l’enlèvement en avril au Darfour de deux humanitaires -une Canadienne et une Française- de l’ONG Aide médicale internationale. Il avait aussi menacé de les tuer avant de les libérer après 26 jours de détention.
Depuis le mandat de la CPI, quatre prises d’otages ont ciblé des humanitaires étrangers au Darfour et une des employés civils de la mission de paix ONU-Union africaine (Minuad). Un Franco-britannique employé du CICR, Gauthier Lefèvre, kidnappé fin octobre, reste notamment détenu.
La vague d’enlèvements a affecté l’aide humanitaire dans la région. Six organisations ont suspendu leurs opérations dans l’est du Tchad après l’enlèvement de Laurent Maurice, privant 37. 000 personnes d’aide humanitaire.
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