Les gacacas vont continuer à fonctionner
La fin des gacacas, ces juridictions populaires chargées de juger les responsables du génocide au Rwanda, a été repoussée à février 2010. La date de fin du processus, initialement prévue fin 2007, avait déjà été repoussée de deux ans.
La fin des activités des juridictions traditionnelles rwandaises gacacas, créées en 2001 pour juger la plupart des auteurs présumés du génocide de 1994 au Rwanda, a été repoussée à février 2010, a-t-on appris mercredi de sources officielles.
Initialement programmée pour le fin 2007, la clôture des gacacas, qui ont permis de juger environ un million de personnes, avait été déjà repoussée à ce mois de décembre 2009.
2 261 dossiers en attente
Le premier procès de ce type – mené par des juges non professionnels, élus dans les collectivités locales – s’est déroulé le 10 mars 2005. Ce système repose essentiellement sur les aveux de coupables qui, lorsqu’ils sont complets, permettent de reconstituer le déroulement du génocide dans un village ou un quartier.
"Il nous reste encore 2. 261 dossiers à juger sur l’ensemble du pays; nous remettrons le rapport final aux plus hautes instances du pays en février 2010", a annoncé Gratien Dusingizimana, chef de l’unité juridique du Service national des juridictions gacacas (SNJG).
Ce report résulte de la découverte de nouveaux dossiers, après les récentes "collectes d’informations supplémentaires dans certaines régions", a expliqué M. Dusingizimana, lors d’une conférence de presse à Kigali.
Il faisait notamment référence à la province de Butare (sud), où sont actuellement jugés plusieurs anciens étudiants et enseignants à l’Université nationale du Rwanda (UNR).
Un million de personnes jugées
Inspirés des anciennes assemblées lors desquelles les sages du village réglaient les différends, assis sur le gazon, (gacaca, en langue rwandaise), ces tribunaux ont déjà jugé autour d’un million de personnes.
Toujours selon M. Dusingizimana, les gacacas ont atteint leurs objectifs, "à savoir révéler la vérité sur le génocide, vider le contentieux du génocide, éradiquer la culture de l’impunité, renforcer l’unité et lé réconciliation".
Interrogé par l’AFP, Théodore Simburudali, président d’Ibuka ("souviens-toi", en langue rwandaise), la principale organisation de survivants, a nuancé ce bilan.
Si le système gacaca (prononcer gatchatcha) a abouti à "plusieurs résultats positifs", il n’a pas permis la manifestation de "la vérité sur la conception et la planification du génocide", a estimé M. Simburudali.
"Pour les rescapés, la vérité sur la planification reste inconnue. Cela peut avoir de mauvaises conséquences; ceux qui disent qu’il n’y a pas eu de planification pourraient même finir par affirmer qu’il n’y a eu de génocide", a-t-il fait remarquer.
Il a enfin rappelé que "la question de la réparation, ignorée même par le TPIR (Tribunal pénal international pour le Rwanda, basée à Arusha, en Tanzanie) reste fondamentale".
Réunissant près de 150 participants, une conférence sur les gagacas et la réconciliation nationale au Rwanda se déroule mercredi à Kigali.
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