La CIJ ordonne à Israël de stopper « immédiatement » son offensive militaire à Rafah
Estimant que la situation des civils palestiniens s’est encore dégradée, la juridiction émanant des Nations unies a ordonné un arrêt de l’offensive et un libre accès de l’aide humanitaire, ainsi que la libération de tous les otages. Tel Aviv continue toutefois à rejeter les décisions prises par la justice internationale.
La plus haute juridiction de l’ONU a ordonné vendredi à Israël de stopper son offensive militaire à Rafah, une décision susceptible d’ajouter à la pression internationale en faveur d’une trêve après plus de sept mois de guerre.
Israël doit « arrêter immédiatement son offensive militaire, et toute autre action menée dans le gouvernorat de Rafah, qui serait susceptible d’infliger au groupe des Palestiniens de Gaza des conditions d’existence capables d’entraîner sa destruction physique ou partielle », a déclaré la Cour internationale de justice (CIJ), qui siège à La Haye.
La cour a aussi ordonné à Israël de maintenir le passage de Rafah ouvert pour permettre un accès « sans restriction » à l’aide humanitaire et appelé à la libération immédiate des personnes prises en otages par le Hamas lors de son attaque du 7 octobre contre Israël. Sur les 252 personnes emmenées comme otages le 7 octobre, 121 sont toujours retenues à Gaza, dont 37 mortes, selon l’armée. Cette dernière a annoncé ce vendredi 24 mai avoir récupéré dans la bande de Gaza le corps de trois otages, dont le Franco-Mexicain Orión Hernández-Radoux, âgé de 32 ans.
Les ordonnances de la CIJ, qui tranche les différends entre États, sont juridiquement contraignantes mais elle n’a aucun moyen de les faire respecter.
Israël avait affirmé devant la cour qu’un cessez-le-feu imposé permettrait aux combattants du Hamas de se regrouper, et rendrait impossible la libération des otages pris lors de l’attaque du mouvement islamiste palestinien le 7 octobre.
La décision de la CIJ intervient quelques jours après une demande historique du procureur de la Cour pénale internationale (CPI). Karim Khan a demandé des mandats d’arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, son ministre de la Défense et trois dirigeants du Hamas, pour des crimes présumés commis dans la bande de Gaza et en Israël.
L’Afrique du Sud évoque des fosses communes et des actes de torture
L’Afrique du Sud a porté l’affaire devant la CIJ en décembre, affirmant que l’offensive d’Israël à Gaza violait la Convention des Nations unies sur le génocide de 1948. La cour a ordonné en janvier à Israël de faire tout ce qui est en son pouvoir pour prévenir tout acte de génocide et permettre l’entrée de l’aide humanitaire dans la bande de Gaza. Mais Pretoria s’est de nouveau tournée à plusieurs reprises vers la CIJ, arguant que la situation humanitaire désastreuse à Gaza obligeait la cour à prendre de nouvelles mesures d’urgence.
Pretoria a déclaré la semaine dernière devant la CIJ que « le génocide » commis par Israël avait atteint un « niveau horrible », évoquant notamment des fosses communes, des actes de torture et un blocage de l’aide humanitaire. Il faudra des mois, voire des années, à la cour pour statuer sur l’affaire sur le fond portée par Pretoria — qui accuse Israël de « génocide » à Gaza — mais elle peut entretemps ordonner des mesures urgentes.
Cette affaire est « complètement déconnectée » de la réalité et est une « caricature » de la Convention des Nations unies sur le génocide qu’Israël est accusé d’avoir violée, a rétorqué Tel Aviv. « Qualifier quelque chose de génocide, encore et encore, n’en fait pas un génocide. Répéter un mensonge ne le rend pas vrai », a déclaré devant la cour Gilad Noam, procureur général adjoint chargé des affaires internationales pour Israël. Le pays a également déclaré qu’il était « extrêmement conscient » des souffrances des civils dans la bande de Gaza et qu’il avait déployé « des efforts considérables » pour accroître l’aide humanitaire.
Le président américain Joe Biden a déclaré cette semaine que « ce qui se passe n’est pas un génocide ».
(Avec AFP)
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