Soudan : enregistrement en masse pour les élections générales

Les Soudanais s’inscrivent en masse en vue des premières élections multipartites depuis 24 ans, mais l’opposition dénonce des « irrégularités » et des déplacés du Darfour refusent de participer à ce scrutin sans paix au préalable.

Publié le 3 décembre 2009 Lecture : 2 minutes.

L’enregistrement des citoyens sur les listes électorales avait commencé le 1er novembre dans la plus grande indifférence à Khartoum et dans la majorité des régions du plus grand pays d’Afrique. Aucune affiche, aucune publicité n’incitait les Soudanais à demander leur carte d’électeurs.

Mais un mois plus tard, onze millions de personnes s’étaient inscrites sur les listes et les autorités ont dû proroger jusqu’au 7 décembre la période d’enregistrement pour les élections présidentielle, législatives et régionales prévues en avril 2010.

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"C’est un score à la fois élevé et inattendu", s’est félicité une source suivant le processus et qui a requis l’anonymat.

"Il y a eu un grand changement par rapport à ce que nous avions constaté au début", a dit à l’AFP Mac Maika, porte-parole de la commission électorale du Sud-Soudan. 

"Irrégularités"

"Il y a un bon taux (d’inscription) dans plusieurs régions, le message se propage", a-t-il ajouté, soulignant néanmoins des difficultés dans l’Etat sudiste de Jonglei, en proie à de vives tensions ethniques et à des problèmes d’accès à des villages reculés.

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Le Soudan, géant africain de 39 millions d’habitants dont près de 20 millions électeurs potentiels, est dirigé depuis 1989 par le président Omar el-Béchir, mais n’a pas connu d’élections libres depuis 1986.

"Bien que la participation soit forte dans certains Etats (du Soudan), elle demeure inégale. Plusieurs Etats semblent manquer les objectifs fixés pour l’enregistrement des électeurs", souligne le Centre Carter, un organisme indépendant qui observe le processus électoral.

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De forts taux d’enregistrements ont été notés à Khartoum et dans des régions clés aux alentours considérées comme des fiefs pour le Parti du Congrès National de M. Béchir, mais certaines zones du Darfour (ouest) et du Sud-Soudan demeurent sous la moyenne nationale.

Les partis d’opposition ont dénoncé des "irrégularités" concernant l’enregistrement des militaires et affirment que le gouvernement a déployé ses ressources pour favoriser l’inscription d’électeurs favorables au parti présidentiel.

Le Darfour fait de la résistance

Les rebelles du Darfour, région en proie depuis 2003 à une guerre civile complexe à l’origine de 300. 000 morts selon les estimations de l’ONU -10. 000 d’après Khartoum- ont appelé la population à ne pas s’inscrire sur les listes.

"Nous souhaitons des élections après la paix et le retour des personnes déplacées dans leur village", a déclaré à l’AFP Khalil Ibrahim, chef du Mouvement Justice et égalité (JEM), un des deux principaux groupes rebelles.

"Nous demandons donc au peuple du Darfour de ne pas s’enregistrer pour ces élections qui visent à accroître la légitimité du président Béchir", a-t-il ajouté.

"Nous refusons de nous inscrire sur les listes tant que nous ne rentrerons pas chez nous", ont affirmé d’une même voix trois chefs locaux, rencontrés la semaine dernière dans le camp de déplacés d’Abou Shouk, en bordure d’El-Facher, la capitale du Darfour-Nord.

Mais y aura-t-il des élections? Les partis d’opposition menacent de boycotter le scrutin sans accord rapide avec le parti de M. Béchir sur des réformes démocratiques et la loi encadrant le référendum de janvier 2011 sur la sécession du Sud-Soudan.

"Sans solution immédiate à ces disputes, nous sommes préoccupés quant aux chances de tenir des élections crédibles. . . ", a averti ce week-end le département d’Etat américain.

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