Gaza : Israël bombarde à nouveau Rafah, en dépit des condamnations internationales
Le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou a regretté « un accident tragique » après qu’une frappe a fait, le 26 mai au soir, 45 morts et 249 blessés, selon le ministère de la Santé à Gaza, et mis le feu à des tentes occupées par des Palestiniens dans un camp de déplacés.
Israël multiplie ce 28 mai les frappes sur Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, malgré les condamnations de son bombardement meurtrier contre un camp de déplacés local qui a poussé le Conseil de sécurité de l’ONU à convoquer une réunion d’urgence sur la situation dans ce secteur. De leur côté, l’Espagne, la Norvège et l’Irlande vont reconnaître l’État de Palestine lors d’une conférence de presse à Bruxelles, une annonce faite la semaine dernière et qui avait suscité l’ire d’Israël.
Sur le terrain, les équipes de l’AFP à Rafah ont fait état tôt dans la matinée de frappes aériennes et de tirs dans le centre et l’ouest de Rafah, ville à la pointe sud de la bande de Gaza où les militaires ont entamé, au début de mai, une opération terrestre. Ces nouveaux bombardements interviennent dans le sillage d’une vague internationale de condamnations d’une frappe à Rafah, qui a fait le 26 mai au soir 45 morts et 249 blessés, selon le ministère de la Santé à Gaza, et mis le feu à des tentes occupées par des Palestiniens dans un camp de déplacés.
Le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, a regretté « un accident tragique ». L’armée israélienne a dit enquêter sur la mort de victimes civiles après avoir dit, dans un premier temps, avoir ciblé deux hauts responsables du Hamas avec des « munitions précises ».
« Bouleversée », Washington a appelé son allié israélien à « prendre toutes les précautions pour protéger les civils ». Le Canada s’est dit « horrifié » et le président français Emmanuel Macron « indigné ».
Le Conseil de sécurité de l’ONU se réunit d’urgence
« Je condamne les actions d’Israël qui ont tué de nombreux civils innocents qui cherchaient seulement à se protéger de ce conflit meurtrier. Il n’y a pas d’endroit sûr à Gaza. Ces horreurs doivent cesser », a déclaré de son côté le secrétaire général de l’ONU António Guterres. « Dire qu’il s’agit d’une “erreur” ne signifie rien pour ceux qui ont été tués, ceux qui sont en deuil et ceux qui tentent de sauver des vies », a renchéri le chef des opérations humanitaires de l’ONU, Martin Griffiths, en qualifiant d’ »abominable » cette « attaque ».
Le Conseil de sécurité de l’ONU se réunira en urgence dans l’après-midi du 28 mai, a-t-on appris la veille de sources diplomatiques. Cette réunion à huis clos a été demandée par l’Algérie, membre non permanent du Conseil, ont précisé plusieurs de ces sources à l’AFP. L’ONU a demandé une enquête « complète et transparente » sur le bombardement de Rafah.
La Défense civile palestinienne a fait état de nombreux corps « carbonisés » dans l’incendie qui a ravagé le camp de déplacés de Barkasat, géré par l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), dans le nord-ouest de Rafah. « Nous avons vu des corps carbonisés, démembrés […] des cas d’amputations, des enfants blessés, des femmes et des personnes âgées », a témoigné Mohammed al-Mughayyir, un responsable de la Défense civile dans la bande de Gaza.
Des « martyrs » brûlés vifs
Des images du Croissant-Rouge palestinien, selon lequel le lieu visé par la frappe avait été désigné par Israël « comme une zone humanitaire », montrent des scènes de chaos, des ambulances toutes sirènes hurlantes et des secouristes en pleine nuit sur un site en feu, évacuant les blessés parmi lesquels des enfants. Des images de l’AFP au petit matin, après la frappe, montrent les restes carbonisés de tentes de fortune et de véhicules.
« Les gens n’ont pas seulement été blessés ou tués, ils ont été brûlés vifs », a témoigné Mohammad Hamad, 24 ans. « La fille de mon cousin, une enfant de 13 ans tout au plus, faisait partie des “martyrs”. Ses traits étaient méconnaissables, car les éclats d’obus lui ont arraché le visage ».
« Les images de la nuit dernière témoignent de la transformation de Rafah en enfer sur terre », a déclaré Philippe Lazzarini, chef de l’Unrwa, affirmant que certains employés de l’agence étaient portés disparus.
Médiateur clé avec le Qatar et les États-Unis dans les efforts diplomatiques pour parvenir à un cessez-le-feu, l’Égypte a condamné un « bombardement délibéré des forces israéliennes sur des tentes de déplacés ». Le Qatar a prévenu que les frappes israéliennes à Rafah pourraient « compliquer les efforts de médiation » et ce, à l’heure où l’ONU prévient d’une famine imminente dans la bande de Gaza assiégée, où la plupart des hôpitaux ne fonctionnent plus.
(avec AFP)
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