Le camp Biya déjà en campagne électorale

Le parti au pouvoir au Cameroun est en effervescence, laissant entrevoir une candidature du président Paul Biya, 76 ans, à la prochaine élection mais aussi une anticipation de ce scrutin normalement prévu en 2011.

Publié le 27 novembre 2009 Lecture : 2 minutes.

Depuis plusieurs semaines, le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC) multiplie les meetings, plaidant pour une candidature de son chef, M. Biya, à la prochaine présidentielle, dans une intense campagne qui rappelle celle qui avait précédé l’adoption d’une révision constitutionnelle controversée en 2008.

Votée en avril 2008, en dépit de mouvements de contestation et de graves émeutes qui avaient fait selon des ONG au moins 130 morts, cette réforme avait fait sauter la limitation du nombre de mandats présidentiels permettant ainsi à Biya de se représenter. "Ce n’est que lui (Biya) qui peut, pour le moment, continuer à conduire le Cameroun vers des horizons meilleurs", a affirmé fin octobre dans un meeting un responsable local du RDPC.

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Les ministres ne sont pas en reste: plusieurs d’entre eux ont fait des déclarations similaires alors que le quotidien d’Etat publie régulièrement des "motions de soutien" au président émanant de cadres du RDPC. Un groupe de jeunes proche du parti a même lancé une opération de collecte de fonds censée financer la caution du candidat Biya. Fidèle à ses habitudes, le président, qui aime entretenir le flou, n’a cependant pas encore dit clairement s’il serait candidat ou non.

"Bâtissons l’avenir avec Paul Biya"

Une lettre aux Camerounais publiée début novembre pour le 27e anniversaire de son accession au pouvoir laisse toutefois peu de doutes sur ses intentions. Ce texte a même marqué "le déclenchement de la campagne pour sa réélection", analyse le politologue Alain Fogué Tédom.

Remerciant les appels pour sa candidature, Biya y affirme notamment vouloir "aller jusqu’au bout" dans "la recherche de solutions" au chômage et dans "la lutte contre la corruption".

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En prenant de tels engagements, Biya sollicite en contrepartie la "confiance des Camerounais" pour la future présidentielle, selon M. Fogué.

Le slogan du RDPC lors de la célébration des 27 ans au pouvoir de son chef est aussi évocateur: "Bâtissons l’avenir avec Paul Biya", dit-il.

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Toutes les actions menées au cours des dernières semaines par le RDPC "ne sont pas anodines", estime M. Fogué. Elles montrent que Biya sera candidat mais aussi "que nous sommes aux portes d’une présidentielle", qui se tiendra probablement plus tôt que prévu.

Présidentielle anticipée ?

De fait, des cadres du RDPC dont un ministre ont récemment demandé publiquement que l’élection se tienne en 2010 et non plus en 2011, sans cependant donner d’arguments justifiant cette anticipation. Non prévue par la loi, l’anticipation devrait être précédée par une révision constitutionnelle, indique un politologue.

Cette mesure permettrait de contrarier et de couper l’herbe sous le pied des adversaires de Biya qui se trouvent essentiellement dans son propre camp, selon M. Fogué.

Biya pourrait aussi profiter d’une bonne prestation du Cameroun à la coupe du monde 2010 de football pour organiser l’élection, craint le vice-président du principal parti d’opposition, le Social Democratic Front (SDF), Joshua Osih.

"Ce serait une erreur politique grave d’anticiper la présidentielle", juge-t-il, assurant que le SDF est résolu "à tout faire" pour empêcher la tenue de la présidentielle (anticipée ou pas) s’il n’y a pas "un minimum de garantie" de transparence.

Le RDPC n’a pas réagi aux inquiétudes de l’Union européenne qui a fait part mi novembre de ses doutes sur "la crédibilité des membres de l’organe électoral" et "leur capacité à organiser les élections dans un délai de 22 mois".

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