La junte menace d’exclure les anciens Premiers ministres de la présidentielle
Le porte-parole de la junte a menacé d’exclure les anciens Premiers ministres de Guinée de l’élection présidentielle à Ouagadougou. Ils sont responsables, selon lui, d’avoir « pillé » le pays.
Le porte-parole de la junte au pouvoir en Guinée a menacé mercredi à Ouagadougou d’exclure les anciens Premiers ministres de l’élection présidentielle, théoriquement prévue le 31 janvier, les accusant d’avoir "pillé" ou "bradé" le pays.
"Tous ceux qui ont géré le pays, qui ont "goûté" au poste de Premier ministre ne peuvent être candidats (à l’élection présidentielle) en Guinée", a déclaré à l’AFP, Idrissa Chérif, le ministre en charge de la Communication du chef de la junte, le capitaine Moussa Dadis Camara.
Gens "pas propres"
"Le pays a été pillé, bradé par ces gens-là, on ne peut pas accepter ça. Ces personnes sont "poursuivables" sur le territoire guinéen parce qu’ayant géré et dilapidé les fonds publics", a-t-il insisté.
"C’est la nouvelle Constitution que nous allons mettre en place qui dira qui peut être candidat (et) qui ne doit pas l’être. Mais on ne peut pas permettre à des gens qui ne sont pas propres de diriger encore notre pays", a indiqué à Ouagadougou le ministre. Il n’a cité aucun nom.
Trois anciens Premiers ministres devenus leaders de l’opposition : Sidya Touré (juillet 1996-mars 1999), François Lonsény Fall (février 2004-avril 2004) et Cellou Dalein Diallo (décembre 2004-avril 2006), membres des Forces vives (opposition, syndicats, société civile) s’opposent farouchement au maintien du capitaine Camara à la tête de la Guinée.
Ils réclament également la non-candidature du capitaine Camara à la présidentielle et la dissolution du Conseil national pour la démocratie et le développement (CNDD, junte).
Problème "interne" à la Guinée
"Certains ont vendu des usines, des sociétés d’Etat, d’autres ont pillé l’économie du pays. Ceux qui ont amassé des sommes colossales et qui ont acheté des maisons et des buildings, nous les avons tous recensés", a affirmé M. Chérif.
"L’Etat a toutes les preuves nécessaires, ils vont nous démontrer où et comment ils ont eu cet argent", a-t-il insisté soulignant que c’est un problème "interne" guinéen qui ne peut être soumis à la médiation du président burkinabè Blaise Compaoré.
M. Chérif s’exprimait quelques heures avant la remise des propositions de la junte au médiateur pour sortir la Guinée de la crise dans laquelle elle est plongée depuis le massacre, selon l’ONU, de 150 opposants, le 28 septembre dans un stade à Conakry.
Dans ses nouvelles propositions, la junte, arrivée au pouvoir par un coup d’Etat le 23 décembre 2008, réclame la désignation d’un Premier ministre de "consensus" contrairement aux propositions de M. Compaoré qui avait demandé qu’il vienne des Forces vives.
"Nous sommes prêts à discuter sur tout ce qui semble être bon pour la Guinée, mais le départ de Dadis n’est pas à l’ordre du jour pour nous. S’il devait partir un jour, ce serait de la volonté du peuple de Guinée à ne pas voter pour lui", a pour sa part déclaré le ministre-secrétaire permanent du CNDD, le colonel Keïta, chef de délégation de la junte.
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