Génocide rwandais: Paris envoie deux juges coopérer avec Kigali

C’est une première depuis la « rupture » entre la France et le Rwanda. Paris a mandaté deux juges parisiennes pour enquêter sur l’implication présumée de Rwandais vivant en France dans le génocide de 1994.

Publié le 23 novembre 2009 Lecture : 2 minutes.

Deux juges françaises se trouvent au Rwanda, une première depuis la rupture des liens diplomatiques entre Kigali et Paris fin 2006, pour enquêter sur l’implication présumée dans le génocide de 1994 de Rwandais établis en France, a-t-on appris lundi de source judiciaire. Les juges Fabienne Pous et Michèle Ganascia sont arrivées samedi pour une semaine à Kigali, selon cette source.

Une dizaine d’enquêtes judiciaires ont été ouvertes en France, et centralisées à Paris, à l’encontre de Rwandais soupçonnés de complicité de génocide et de crimes contre l’humanité.

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Parmi eux figure Agathe Habyarimana, veuve du président Juvénal Habyarimana tué dans un attentat le 6 avril 1994 contre son avion, considéré comme le signal déclencheur du génocide qui a fait selon l’ONU plus de 800. 000 morts, essentiellement parmi la minorité tutsie.

Mais à ce stade, seules deux personnes ont été inculpées en France pour des faits liés au génocide: Wenceslas Munyeshyaka, ancien curé de la paroisse de la Sainte-Famille à Kigali, et l’ancien préfet de Gikongoro (sud du Rwanda) Laurent Bucyibaruta.

Vers une détente entre Paris et Kigali

Le déplacement des deux juges est une première depuis la rupture par Kigali de ses relations diplomatiques avec Paris, après l’émission de mandats d’arrêts en novembre 2006 par le juge antiterroriste Jean-Louis Bruguière. Ces mandats visent des proches du président rwandais Paul Kagame, soupçonnés d’avoir pris part à l’attentat contre l’avion du président Habyarimana. Les relations entre les deux pays étaient déjà très tendues depuis 1994, les autorités tutsies de Kigali accusant Paris d’avoir aidé les génocidaires hutus, ce que la France a toujours démenti.

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Les avocats de trois Rwandais visés par les mandats d’arrêt ont demandé à plusieurs reprises au juge Marc Trévidic, qui a repris l’enquête de M. Bruguière, de se rendre au Rwanda. Une source française proche du dossier indiquait début novembre que M. Trévidic était prêt "sur le principe" à s’y rendre.

La normalisation des relations entre les deux pays dépend de l’évolution de ce dossier, Kigali voulant la levée de tous les mandats d’arrêt. En novembre 2005, la juge d’instruction du Tribunal aux armées de Paris Brigitte Reynaud s’était rendue à Kigali pour entendre six plaignants qui accusent l’armée française de "complicité de génocide".

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