Au Mali, Choguel Kokalla Maïga entre l’arbre et l’écorce

Après un mémorandum de sa formation politique critique envers la junte d’Assimi Goïta, le Premier ministre se retrouve en porte à faux.

© Damien Glez

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Publié le 30 mai 2024 Lecture : 2 minutes.

À quel point le docteur Choguel Kokalla Maïga tient-il à son poste de chef de gouvernement, lui que l’on disait déjà politiquement négligé depuis son retour à la primature après un accident vasculaire cérébral ? Après la prise du pouvoir par les putschistes, cet ancien proche de Moussa Traoré n’avait pas économisé son zèle pour déployer des éléments de langage de nature à lui garantir une place sur le podium des civils associés à la junte. Pourtant, son strapontin pourrait être à nouveau menacé.

Alors que le régime de transition a entamé une prolongation de mandat avant d’en négocier le terme, le courant « Choguel » du Mouvement du 5 Juin-Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP) a publié, la semaine dernière, un mémorandum plutôt incendiaire contre la gestion du pouvoir par les militaires au cours des trois dernières années. Le texte évoque « un relâchement des termes du Pacte d’honneur du partenariat stratégique liant les deux forces civiles et militaires pour le changement ». Buzz garanti. Double jeu du Premier ministre ou apparition d’un marteau en surplomb de l’enclume sur laquelle il est assis ?

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Pro-Maïga ou anti-Maïga ?

En apparence, le document bougon éclabousse tout autant le « PM » (Premier ministre) que ses employeurs en treillis. Évoquant une « rectification de la trajectoire de la transition », il dénonce la prolongation cavalière du régime actuel et le fait que les colonels aient organisé leur « auto-promotion » au grade de général.

Contribution désintéressée ? Le M5-RFP ne manque pas de relever des actions qui l’ont pénalisé. Le mouvement à l’origine de la chute d’Ibrahim Boubakar Keïta pointe du doigt des « détentions extrajudiciaires », qui ciblent notamment ses rangs. Il regrette également qu’une grande partie de ses membres aient été écartés, dès 2021, des instances gouvernementales.

Et le mémorandum de déplorer un chef de gouvernement marginalisé depuis des années, et même « pas associé aux travaux de finalisation de la réorganisation territoriale, à la gestion de la crise énergétique ou à l’organisation de la campagne référendaire ».

Choisir son camp

Le mouvement de Choguel Maïga essaie-t-il de le victimiser ou de l’incriminer ? Tente-t-il de réclamer pour le Premier ministre le respect dû à sa fonction ou le qualifie-t-il, à demi-mot, de faire-valoir compromis ? Quelle que soit l’interprétation que le colonel-presque-général Assimi Goïta fera de cette situation ambiguë, son chef de gouvernement devra clarifier sa position avant que la junte ou sa formation politique ne le fasse à sa place.

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Boubacar Traoré, président par intérim du M5-RFP tendance Choguel Maïga et signataire du mémorandum, a, lui, été interpellé lundi, et placé le lendemain sous mandat de dépôt.

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