Football : deux clubs soudanais vont participer au championnat mauritanien

La guerre civile au Soudan a de multiples conséquences, y compris sportives. Confrontés à des difficultés pour organiser des matchs dans le pays, les deux meilleurs clubs soudanais, Al-Hilal et Al-Merreikh, devraient participer au championnat de Mauritanie en 2024-2025.

Un supporter de l’équipe de football soudanaise Al-Hilal Omdurman regarde le match de la phase de groupe de la Ligue des champions de la CAF contre l’équipe égyptienne al-Ahly SC, le 18 février 2022. © Ebrahim Hamid / AFP

Un supporter de l’équipe de football soudanaise Al-Hilal Omdurman regarde le match de la phase de groupe de la Ligue des champions de la CAF contre l’équipe égyptienne al-Ahly SC, le 18 février 2022. © Ebrahim Hamid / AFP

Alexis Billebault

Publié le 3 juin 2024 Lecture : 3 minutes.

Depuis le 15 avril 2023 et le début de la quatrième guerre civile soudanaise, appelée également guerre des généraux, le pays vit un véritable drame humain. Les affrontements entre l’armée gouvernementale, fidèle au chef de l’État Abdel Fattah al-Burhan, et les Forces de soutien rapide (FSR) ont provoqué la mort d’environ 15 000 personnes et en ont blessé des milliers, alors que près de 8,5 millions de Soudanais ont dû quitter leur domicile pour se réfugier dans des régions moins touchées par le conflit, ou même à l’étranger.

Les deux clubs avaient sollicité plusieurs fédérations (Ouganda, Tanzanie, Libye et Mauritanie) pour disputer leur championnat local.

Une opération de nettoyage ethnique visant des populations non arabes est également en cours au Darfour. Selon différentes organisations humanitaires, entre 10 000 et 15 000 personnes auraient été massacrées par les FSR et des milices arabes alliées.

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Dans ce contexte dramatique pour les civils soudanais, le football est l’une des rares choses qui fonctionnent encore, au moins partiellement. Ainsi, la sélection nationale va disputer les 3e et 4e journées des qualifications pour la Coupe du monde 2026 face à la Mauritanie à Nouakchott, le 6 juin, et au Soudan du Sud le 11 juin à Djouba, les matchs à domicile devant être joués sur terrain neutre.

Impossible en effet d’organiser des rencontres dans de bonnes conditions sur le territoire soudanais, à tel point que, pour la saison 2024-2025, les deux principaux clubs du pays, Al-Hilal et Al-Merreikh, tous deux basés à Omdurman, dans la banlieue de Khartoum, participeront très probablement au championnat… mauritanien.

Les deux clubs avaient sollicité plusieurs fédérations (Ouganda, Tanzanie, Libye et Mauritanie) pour disputer leur championnat local. « Il n’y a que ces deux clubs qui peuvent fonctionner parce qu’ils disposent de certains moyens. Depuis le début du conflit, les équipes sont en exil. Les autres clubs n’ont quasiment plus d’activité, soit les joueurs sont partis à l’étranger, soit ils essaient de gagner leur vie en travaillant« , explique Ali Abusufian, un ancien dirigeant d’Al-Merreikh.

Déjà plus d’un an d’exil

La Fédération de football de la République islamique de Mauritanie (FFRIM), avec l’accord du gouvernement, a donc accepté la demande des deux clubs d’Omdurman, et a adressé un courrier officiel à la Confédération africaine de football (CAF) pour que celle-ci valide le souhait des trois parties. La fédération mauritanienne, dirigée par Ahmed Ould Yahya, par ailleurs vice-président de la CAF, « a proposé de prendre en charge les frais de séjour des deux délégations, ainsi que les transports locaux, tout en mettant à leur disposition des terrains d’entraînement à Nouakchott », précise Ahmedou Mbeirick, le secrétaire général. Qui ajoute : « Nous attendons la réponse de la CAF. » En revanche, Al-Hilal et Al-Merreikh, qui devraient prendre part à la Ligue des champions 2024-2025, se chargeront de l’organisation des matchs « à domicile », qu’ils disputeront probablement sur le sol mauritanien.

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La guerre civile a obligé les équipes d’Al-Hilal et d’Al-Merreikh a un exil forcé. Ainsi, la première a disputé ses matchs de Ligue des champions à El -Jadida (Maroc), Dar es-Salaam (Tanzanie) et Benghazi (Libye), alors qu’Al-Merreikh, dans cette même compétition, a demandé l’hospitalité à Butare et Kigali (Rwanda). Le troisième club soudanais engagé dans les compétitions interclubs en 2023-2024, Haidoub, a quant à lui reçu Al-Merreikh Juba (Soudan du Sud) en Coupe de la CAF à Addis-Abeba (Éthiopie). Hay Al-Arab, club de Port-Soudan, a pour sa part déclaré forfait, faute de moyens.

Si Al-Hilal et Al-Merreikh parviennent à payer les salaires des joueurs et des staffs techniques, c’est parce qu’ils peuvent compter sur certaines réserves financières accumulées grâce à leurs résultats en Ligue des champions, mais aussi sur des dirigeants qui assument certaines charges. « Al-Hilal a également pu effectuer un stage en Arabie saoudite, car tout est pris en charge par les Saoudiens. Mais si ce club a pu conserver certains de ses joueurs étrangers, africains francophones pour la plupart, Al-Merreikh a libéré tous les siens », reprend Ali Abusufian.

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« Au Soudan, beaucoup d’infrastructures sportives ont été détruites. La fédération a réussi à organiser un tournoi sur quelques semaines à Port-Soudan, où la situation est un peu plus calme, mais beaucoup de clubs n’ont plus les ressources pour payer les joueurs », conclut-il.

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