Gaza : pendant que Tsahal continue à pilonner Rafah, Netanyahou interviewé à la télévision française
Le Premier ministre israélien a qualifié de « calomnies antisémites » le fait qu’Israël soit accusé de cibler des civils ou de les affamer dans la bande de Gaza. Quant à l’offensive lancée contre la zone tampon entre le territoire palestinien et l’Égypte, elle se poursuit ce 31 mai.
L’armée israélienne pilonne encore ce 31 mai le centre et le sud de la bande de Gaza, après avoir annoncé cette semaine contrôler une zone tampon stratégique entre le territoire palestinien et l’Égypte. Aux premières heures de la journée, des témoins palestiniens ont fait état de frappes israéliennes près de Rafah (sud), nouvel épicentre de la guerre entre Israël et le Hamas en proie la veille à d’intenses tirs d’artillerie, mais aussi dans le secteur de Nousseirat (centre).
Le 30 mai, des tirs d’artillerie ont eu lieu à Zeitoun, un quartier de la ville de Gaza, selon des journalistes. Toujours dans le nord, les forces israéliennes ont visé Beit Lahia et le camp de Jabalia, selon des témoins. « Tout a été détruit, même les rues ont été détruites. Il y a des cadavres dans les rues, des gens tués dans les rues, nous avons même trouvé des animaux tués dans les rues. Que dire ? », a déclaré sur place Atef Hassouna, un Palestinien marchant dans les décombres de Jabalia.
En dépit de l’indignation internationale soulevée par le bombardement meurtrier dimanche d’un camp de déplacés à Rafah, l’armée israélienne poursuit son offensive terrestre dans cette ville surpeuplée lancée le 7 mai pour éliminer, selon elle, les derniers bataillons du Hamas.
« Calomnies antisémites » et problème de carte du Maroc
Dans un entretien à la chaîne française LCI, réalisé à distance, le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, a qualifié de « calomnies antisémites » le fait qu’Israël soit accusé de cibler des civils ou de les affamer dans la bande de Gaza. Et il a soutenu que « le nombre de pertes civiles relatives aux pertes de combattants » palestiniens était « le taux le plus bas qu’on a vu dans une guerre urbaine », Israël estimant qu’environ la moitié des personnes tuées depuis le début de la guerre à Gaza sont des militants du Hamas ou du Jihad islamique.
Depuis la frappe meurtrière sur un camp de déplacés à Rafah, des manifestations se sont multipliées en France. Et le soir de la venue du dirigeant israélien, plusieurs centaines de personnes s’étaient rassemblées devant le siège de la chaîne privée TF1, près de Paris, pour protester contre la diffusion sur la chaîne d’information du groupe, LCI, de ce rare entretien avec un média français.
L’intervention du Premier ministre israélien a également provoqué de fortes réactions au Maroc, pour une autre raison : lors de son interview, celui-ci a présenté une carte où figurait l’Afrique du Nord, et le territoire du Maroc y était amputé de sa partie sud. L’image a immédiatement fait réagir, cela d’autant plus qu’Israël et le Maroc ont normalisé leurs relations diplomatiques et qu’en 2023, Benyamin Netanyahou lui-même a officialisé lui-même la reconnaissance par son pays de la souveraineté du Marc sur le Sahara occidental.
Un porte-parole du ministère israélien des Affairs étrangères a rapidement publié sur X (anciennement Twitter) un message évoquant une « erreur involontaire » et a précisé : « Nous nous excusons pour cette erreur technique. Israël et le Maroc sont frères et sœurs, et nous ne reviendrons pas sur notre reconnaissance historique de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental. »
L’Égypte dément l’existence de tunnels sous la frontière
Le déploiement terrestre à Rafah a permis à Israël de prendre le contrôle « ces derniers jours » du « couloir de Philadelphie », une zone tampon de 14 kilomètres qui borde la frontière égyptienne le long du sud de la bande de Gaza. « Le couloir de Philadelphie servait de tuyau d’oxygène au Hamas, par lequel il faisait transiter régulièrement des armes vers la bande de Gaza », a déclaré le porte-parole de l’armée israélienne, le contre-amiral Daniel Hagari.
Mais l’Égypte du président Abdel Fattah al-Sissi, qui avait affirmé avoir détruit nombre de tunnels du Hamas à son arrivée au pouvoir il y a une décennie, a démenti l’existence de tunnels sous la frontière, affirmant qu’Israël cherchait ainsi à justifier son offensive à Rafah. Le Caire et Israël se renvoient par ailleurs la responsabilité du blocage de l’acheminement de l’aide humanitaire par le poste-frontière de Rafah, seul point de passage entre le territoire palestinien et l’Égypte, depuis que l’armée israélienne en a pris le contrôle, du côté palestinien, au début de mai.
Selon le site Axios, les États-Unis prévoient une rencontre la semaine prochaine au Caire avec des responsables américains, égyptiens et israéliens pour discuter de la réouverture du terminal de Rafah et d’un plan pour sécuriser la frontière entre l’Égypte et le sud de la bande de Gaza. Le point de passage de Rafah est crucial pour l’entrée de l’aide dont la population de la bande de Gaza, dévastée par bientôt huit mois de guerre, a désespérément besoin.
L’ONU et des ONG mettent régulièrement en garde contre un risque de famine dans le territoire palestinien assiégé, où des produits entrent au compte-goutte via d’autres passages, notamment ceux israéliens d’Erez et de Kerem Shalom où « plus de 250 camions d’aide humanitaire » sont entrés jeudi selon l’armée israélienne, un niveau en deça toutefois des besoins pour Gaza selon l’ONU.
Vers des élections anticipées en Israël ?
À l’heure où la guerre s’étire dans la bande de Gaza, le parti israélien de centre-droit de Benny Gantz, membre du cabinet de guerre de Benyamin Netanyahou après l’avoir affronté dans de nombreux scrutins, a déposé jeudi un projet de loi pour dissoudre le Parlement et tenir des élections anticipées. Mais un tel scénario signifierait « une capitulation face aux pressions internationales et un coup fatal aux efforts visant à libérer nos otages », a riposté le Likoud, le parti de Netanyahou.
Alors que les négociations indirectes pour un cessez-le-feu sont au point mort, le Hamas a affirmé jeudi être favorable à une trêve qui inclurait un « accord global sur un échange » d’otages et de prisonniers palestiniens, mais uniquement si Israël arrêtait ses bombardements.
Dans ce contexte d’une médiation américaine qui piétine, le président chinois, Xi Jinping, a plaidé le 30 mai pour l’organisation d’une « conférence de paix élargie » pour mettre fin au conflit, affirmant que la justice ne devait « pas être absente pour toujours ».
(avec AFP)
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