Ali Mahamane Lamine Zeine à la Cedeao : je te fuis, mais suis-moi

Dans une interview accordée à un média russe depuis le Kenya, le Premier ministre nigérien invite la globalité de la Cedeao à rejoindre l’Alliance des États du Sahel.

© Damien Glez

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Publié le 31 mai 2024 Lecture : 2 minutes.

Certains couples de légende unis par les liens du mariage sont restés célèbres pour avoir divorcé puis s’être remariés, après avoir expérimenté des chemins de traverse personnels.

Après quelques années de concubinage collectif et un claquement de porte des États putschistes du Sahel, Niamey ne demande pas aux autres pays de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) d’accepter la réintégration du Niger en son sein. Mais le pays d’Abdourahamane Tiani ne boude pas pour autant les pays ouest-africains jugées trop « occidentalistes ». Le Premier ministre de transition invite ainsi toute la Communauté à rejoindre le nouveau foyer que le Niger a cocréé : l’Alliance des États du Sahel.

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Largement relayée par une certaine presse africaine pourvoyeuse des éléments de langage néo-souverainistes, la proposition plutôt incongrue a été formulée sur la chaîne russe Russia Today (RT).

Nationalisme internationaliste

S’agit-il d’un trait d’humour nigérien, d’une formule symbolique pour demander à la Cedeao de rejoindre les idées de l’AES ou d’une volonté d’esquisser une image rassembleuse à moindre frais, la proposition ne devant censément susciter aucun enthousiasme ?

C’est à l’occasion d’un séjour kenyan, pour la 59e assemblée annuelle du Conseil des gouverneurs de la Banque africaine de développement (BAD) et la 50e assemblée annuelle du Conseil des gouverneurs du Fonds africain de développement, qu’Ali Mahamane Lamine Zeine a déclaré son amour pour un nationalisme largement teinté de coopération internationale, ne serait-ce que sur le plan économique. Un secteur qui constitue le cœur de la Cedeao.

Le Premier ministre du régime nigérien de transition a vanté la fixation d’objectifs communs, notamment en matière de promotion du secteur privé et de création de conditions propices à l’industrialisation. Il a aussi milité pour le rôle déterminant de la BAD dans le déploiement de réformes indispensables à l’indépendance effective des pays africains – notamment au Niger où il confirme que les démembrements de la Banque sont toujours les bienvenus. Et de présenter l’institution comme le contrepoint du système dit de Bretton Woods, qui dresse, en ce même mois de mai 2024, le bilan de huit décennies.

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Pas de politique de la chaise vide

En février, Zeine avait démontré qu’il n’était pas favorable à un isolationnisme radical, en se rendant à une réunion du Comité de haut niveau de l’Union africaine sur la Libye, à la plénière de laquelle il n’avait pas été convié.

Gag ou appel sincère, les bras ouverts de l’AES à des pays non sahéliens ne devraient pas être trop commentés. De même que, dans cette interview russe, le Premier ministre nigérien affirme – sans convaincre – n’avoir pas suivi les récentes déclarations du représentant béninois aux assemblées kenyanes, les milieux dirigeants de l’actuelle Cedeao avouent rarement écouter Russia Today.

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