À Rafah, les bombardements israéliens rendent « très difficile » de secourir les civils
Israël poursuit son offensive terrestre sur la ville du sud de la bande de Gaza, alors que Benyamin Netanyahou a écarté tout espoir de cessez-le-feu permanent.
Le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, a pressé le groupe islamiste palestinien Hamas d’accepter le plan israélien en vue d’un cessez-le-feu à Gaza, où Israël a poursuivi ses frappes dans la nuit du 2 au 3 juin. « Le secrétaire d’État a salué la volonté d’Israël de conclure un accord et a affirmé qu’il incombe au Hamas de l’accepter », a déclaré son porte-parole, Matthew Miller, après un appel téléphonique de M. Blinken au ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant. Les deux responsables ont parlé de « la proposition de parvenir à un cessez-le-feu plein et entier » dans la bande de Gaza en échange de la libération des otages du Hamas, selon Matthew Miller.
Des bombardements israéliens meurtriers ont continué de cibler Gaza, après bientôt huit mois de guerre. Au total, au moins 19 personnes ont péri dans des frappes et des tirs au cours de la nuit, dont six au camp de réfugiés de Bureij (centre) et dix dans le secteur de Armadhiya, près de Khan Younès, selon des sources médicales.
D’après l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), Israël a par ailleurs frappé au cours de cette nuit une usine des environs d’Alep, dans le nord de la Syrie, y tuant « au moins douze combattants pro-iraniens de nationalités syrienne et étrangères ». Depuis le début de la guerre civile en Syrie en 2011, Israël a frappé à des centaines de reprises ce pays, visant l’armée du régime de Bachar al-Assad et les groupes pro-iraniens qui y sont implantés et le soutiennent. Le 13 avril, Téhéran avait mené une attaque sans précédent contre Israël en réponse à une frappe sur le consulat iranien à Damas qui avait tué notamment de hauts gradés iraniens.
Tirs de drone et d’hélicoptères sur Rafah
À Gaza, malgré les protestations de la communauté internationale, l’armée israélienne poursuit son offensive à Rafah, une ville frontalière avec l’Égypte dans le sud du territoire palestinien, destinée selon elle à détruire les derniers bataillons du mouvement islamiste. Après la présentation le 31 mai par le président américain, Joe Biden, d’un plan israélien en vue d’un cessez-le-feu, le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, a réaffirmé sa détermination à poursuivre la guerre jusqu’à l’élimination du Hamas.
Le 2 juin, des témoins ont déclaré avoir vu des véhicules militaires israéliens dans l’ouest et le centre de Rafah. Ils ont signalé des explosions, des combats, des tirs continus avec des drones et des hélicoptères Apache. Le Croissant-Rouge palestinien a dit recevoir des appels à l’aide de civils, mais a ajouté que les bombardements rendaient « très difficile » l’accès à Rafah. Environ un million de Palestiniens, selon l’ONU, ont déjà fui la ville face à la progression des troupes israéliennes.
Dans le nord du territoire, trois Palestiniens ont été tués, dont un enfant, dans un bombardement sur la ville de Gaza, selon une source hospitalière. Dans le centre, les secteurs de Deir al-Balah, Bureij et Nousseirat ont été visés par des frappes. Dans le paysage dévasté du camp de Jabalia (nord), des habitants fouillaient les ruines, de retour après la fin d’une opération terrestre israélienne. « Nous refusons de rester dans les écoles et les abris. Nous nettoierons autant que nous le pourrons et nous resterons ici », a témoigné l’un d’eux, Fares Jabr. L’offensive israélienne lancée en réponse à l’attaque du 7-Octobre orchestrée par des commandos du Hamas a fait jusqu’à présent 36 439 morts, selon des données du ministère de la Santé du Hamas.
Netanyahou rejette tout cessez-le-feu permanent
Le Qatar, les États-Unis et l’Égypte, médiateurs dans le conflit, ont appelé conjointement le 1er juin « le Hamas et Israël à finaliser l’accord de cessez-le-feu sur la base des principes énoncés par le président Joe Biden ». Cette feuille de route proposée par Israël prévoit dans une première phase, selon Joe Biden, un cessez-le-feu de six semaines accompagné d’un retrait israélien des zones densément peuplées de Gaza, de la libération de certains otages, notamment des femmes et des malades, et de prisonniers palestiniens détenus par Israël.
Les contours de la deuxième phase seront négociés pendant le cessez-le-feu, qui pourrait devenir « permanent » si le Hamas « respecte ses engagements », selon Joe Biden.
Mais Benyamin Netanyahou a affirmé le jour-même que les « conditions » pour arriver à un « cessez-le-feu permanent » n’avaient pas changé et comprenaient la « destruction » du mouvement islamiste, au pouvoir à Gaza depuis 2007, ainsi que la « libération de tous les otages ». Le dirigeant subit une forte pression dans son pays. Ses ministres d’extrême droite, Itamar Ben Gvir et Bezalel Smotrich, ont menacé de quitter le gouvernement s’il mettait fin à la guerre avant d’en finir avec le Hamas, alors que de nombreux Israéliens continuent de descendre dans la rue pour réclamer un accord assurant la libération des otages. Il a néanmoins reçu le soutien du chef de l’opposition, Yaïr Lapid, et du président Isaac Herzog.
Le Hamas a dit considérer « positivement » la feuille de route annoncée par M. Biden, après avoir réitéré ses exigences d’un cessez-le-feu permanent et d’un retrait total israélien de Gaza. Gallant a déclaré le 2 juin qu’Israël, tout en menant ses opérations militaires à Gaza, était en train de « préparer une alternative de gouvernement » au Hamas après la guerre.
« Les enfants meurent de faim »
Dans le territoire frappé par une catastrophe humanitaire majeure, le point de passage de Rafah avec l’Égypte, crucial pour l’acheminement de l’aide internationale, est fermé depuis que l’armée israélienne en a pris le contrôle le 7 mai du côté palestinien. Lors d’une réunion le 2 juin au Caire avec des représentants américains et israéliens, l’Égypte a réitéré son refus de voir le côté palestinien du poste-frontière contrôlé par Israël, selon un haut responsable cité par un média égyptien.
Selon les organisations humanitaires, l’aide qui entre dans la bande de Gaza est insuffisante et n’atteint pas les personnes qui en ont le plus besoin. Dans un hôpital de Deir al-Balah, une femme de 33 ans, Amira al-Taweel, raconte qu’elle n’a pas trouvé de lait pour son bébé qui souffre de malnutrition. « Youssef a besoin de lait, en plus de son traitement médical, mais il n’y en a pas à Gaza », a confié cette femme , en tenant dans ses bras le petit garçon placé sous perfusion.
« Les enfants meurent de faim », a averti le 1er juin la porte-parole de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), Margaret Harris.
(avec AFP)
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