« Y’Africa » : portraits touchants de 28 sportifs africains

Après avoir raconté les artistes contemporains, le réalisateur d’origine marocaine Dan Assayag revient sur les parcours édifiants de grands athlètes africains.

« Y’Africa », saison 3, portraits de sportifs du continent. © Y’Africa

« Y’Africa », saison 3, portraits de sportifs du continent. © Y’Africa

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Publié le 13 juin 2024 Lecture : 4 minutes.

Après deux saisons consacrées à 63 artistes africains (peintres, sculpteurs, photographes, musiciens, chorégraphes, chefs cuisiniers, designers), « Y’Africa », le magazine des talents africains lancé par Orange revient sur les antennes de 15 chaînes de télévisions nationales africaines. Année olympique oblige, la troisième saison est consacrée à des sportifs du continent. Les portraits sont diffusés lors de 7 épisodes de 52 minutes.

Hommes, femmes, sportifs valides ou en situation de handicap, on y découvre des athlètes aux profils multiples : certains ont des chances de médailles, d’autres sont des passionnés pour qui « l’important, c’est de participer », selon la devise de Pierre de Coubertin, fondateur des Jeux olympiques modernes.

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Après Serge Beynaud et Stromae…

Derrière la caméra, Dan Assayag, participe au projet depuis le début. D’abord réalisateur de publicité, il avait réalisé un documentaire sur l’artiste d’afropop, d’afrobeat et figure du coupé-décalé ivoirien, Serge Beynaud, en 2013 : « Il s’agissait de portraits croisés de Serge Beynaud et d’Abidjan. Quand Orange, initiateur du projet, l’a vu, il a fait appel à moi. »

Dan Assayag a aussi réalisé un documentaire sur la tournée africaine de Stromae, qui n’est pas encore sorti. Son lien à l’Afrique remonte à loin : « Je suis d’origine marocaine, je suis arrivé en France à l’âge de 5 ans. J’ai un lien de sang et culturel avec le continent. Et j’ai le goût du voyage, en Afrique et partout dans le monde. »

Souvenirs de sportifs

Passer de portraits d’artistes à ceux de sportifs lui a demandé un changement dans sa méthode de travail : « Les artistes ont du temps, les athlètes ont un programme très strict qui implique des contraintes. Quand un coureur de 100 m a fini son entraînement, on ne peut pas lui demander de courir, son planning est millimétré. » Il a donc fallu composer avec l’urgence : « En amont, je me suis renseigné sur les athlètes, mais à part ceux qui sont très connus, il y a peu de choses. J’ai discuté avec eux sur place et je leur ai demandé surtout des souvenirs, pour qu’ils se racontent. »

À l’affiche du premier épisode, Hugues Fabrice Zango, spécialiste burkinabè du triple saut, Abdelkebir Ouaddar, cavalier de saut d’obstacles du Maroc, Amos Kipruto et Sabastien Kimaru Sawe, marathoniens du Kenya. Avec des traitements différents en fonction des personnalités.

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Hugues Fabrice Zango évoque ses débuts dans sa discipline, par hasard, lors d’une compétition. Vaincu sur 100 m, il se rabat sur la seule épreuve qui reste et remporte le concours de triple saut ! C’est ainsi qu’il est détecté, et mène désormais, en parallèle, sa carrière d’athlète, avec de réelles chances de médaille d’or aux Jeux olympiques, et son doctorat en génie civil.

Abdelkebir Ouaddar a 8 ans, quand il joue au football dans son village. De passage, la princesse Lalla Fatima Zohra, sœur du roi Hassan II, s’attache à lui et demande à ses parents si elle peut l’élever avec ses propres enfants. La mère refuse, le père accepte et le voilà chez la princesse. Sa mère pleurera son départ pendant plusieurs mois. Le garçon aussi. Mais il réussit à s’acclimater à son nouvel environnement et se découvre une passion pour le cheval. Il grimpe peu à peu les échelons jusqu’à remporter des compétitions internationales.

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Les parcours d’Amos Kipruto et de Sabastien Kimaru Sawe sont principalement racontés par leur entraîneur italien, Claudio Berardelli. Il évoque leurs entraînements aux aurores, leur discipline, la nécessaire récupération et sa façon de pousser au maximum la performance de chacun dans son groupe, dont les membres sont concurrents sur la piste ou sur la route.

Discipline hors du commun

Dan Assayag témoigne de son admiration pour les 28 sportifs de 12 nationalités qu’il a rencontrés : « Ils ont des objectifs, une discipline pour les atteindre et une capacité de travail hors du commun pour s’y astreindre. » Certains doivent pourtant composer avec des difficultés : « Ils ont des conditions d’entraînement qui n’ont rien à voir avec celles des Européens et des Américains. Ils n’ont pas de préparateurs mentaux, les infrastructures médicales sont rudimentaires et doivent faire face à certaines situations incongrues. Par exemple, lors d’une session du coureur de 100 m ivoirien, Arthur Gue Cisse, il a fallu changer de piste au dernier moment, car il y avait un match prévu en même temps. Et le réalisateur français de conclure : « Ils ont des résultats exceptionnels par rapport à leurs moyens d’entraînement. »

Leçons de vie

Au-delà de la performance sportive, c’est surtout l’aspect humain qui intéresse Dan Assayag et touche le téléspectateur. Quand on lui demande deux portraits qui l’ont particulièrement marqué, il cite Boipelo Awuah, skateuse sud-africaine : « Elle a 17 ans et un discours d’une maturité folle, sur le fait d’être une jeune femme noire en Afrique du Sud. Et elle est impressionnante. Elle s’est mise au skate et est très vite devenue championne dans cette discipline. »

Il évoque aussi Nicolas Pieter Du Preez, cycliste sur route tétraplégique : « Quand vous passez un jour avec lui et qu’il a le sourire toute la journée, vous prenez une leçon de vie. » Ainsi, en 28 beaux portraits, « Y’Africa » donne à voir autant de parcours riches d’enseignements, qui dépassent le sport.

Y’Africa, de Dan Assayag (série documentaire de 7 épisodes de 52 minutes), diffusée jusqu’à fin juin 2024 sur BTV (Botswana), RTB (Burkina Faso), Canal 2 International (Cameroun), RTI 2 (Côte d’Ivoire), TGB (Guinée-Bissau), Espace TV (Guinée), Global TV (Liberia), TVM (Madagascar), ORTM (Mali), Arryadia (Maroc), TVCA (République centrafricaine), B-one (RDC), RTS (Sénégal), SLBC (Sierra Leone), Nessma TV (Tunisie).

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