Poutine et l’Afrique, or, intelligence artificielle, nucléaire russe et Samuel Eto’o : les 5 infos qu’il ne fallait pas rater

Ce qu’il faut retenir de la tournée de Serguei Lavrov en Afrique, notre infographie sur la contrebande d’or, l’appel du patron de Google Afrique à miser sur l’IA, l’offensive de Moscou sur le nucléaire africain et l’interminable bataille entre Eto’o et le gouvernement camerounais… Avec Le Brief, chaque semaine, retrouvez les cinq articles qu’il ne fallait pas manquer.

Le président de la Fecafoot, Samuel Eto’o, lors du 74e congrès de la Fifa, à Bangkok, le 17 mai 2024. © Lillian SUWANRUMPHA / AFP.

Le président de la Fecafoot, Samuel Eto’o, lors du 74e congrès de la Fifa, à Bangkok, le 17 mai 2024. © Lillian SUWANRUMPHA / AFP.

Publié le 8 juin 2024 Lecture : 4 minutes.

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Cette semaine, au programme :

  1. Poutine pas si isolé qu’on le croit
  2. Qui produit l’or de contrebande ?
  3. « L’Afrique doit être au centre de la révolution de l’IA »
  4. L’énergie nucléaire en Afrique, un bluff russe ?
  5. Samuel Eto’o, l’interminable bras de fer

1. En Afrique, Sergueï Lavrov confirme que Poutine est loin d’être aussi isolé qu’on le croit

Bloc contre bloc. La tournée africaine de Sergueï Lavrov l’a mené en Guinée, au Congo-Brazzaville, au Burkina Faso et au Tchad. À chacune de ses étapes, lors desquelles il a été reçu avec des égards digne d’un chef d’État, le ministre russe des Affaires étrangères n’a pas manqué de cibler les Occidentaux, et en particulier la France. Une stratégie et une sémantique qui n’est pas sans rappeler l’époque de la guerre froide, quand l’Afrique était un des lieux des luttes d’influences entre les deux blocs.

Sortir de l’isolement. « Notre amitié avec la République du Tchad ne va pas influencer les relations [de N’Djamena] avec la France. La France, elle, a une autre approche : “Soit vous êtes avec nous, soit vous êtes contre nous” », a martelé l’envoyé de Vladimir Poutine lors d’une conférence de presse commune avec son homologue tchadien Abderaman Koulamallah. En courtisan désormais assidûment le Tchad, Moscou semble vouloir parachever une politique d’alliances, qui s’étendrait du golfe de Guinée à la mer Rouge et qui engloberait la Guinée, le Mali, le Burkina Faso, le Niger, la Libye, le Tchad, la Centrafrique et le Soudan.

2. Qui produit l’or de contrebande ?

Champions de la contrebande. L’or produit dans les mines artisanales échappe pour une large part à tout contrôle. Notre infographie montre que, chaque année, sur le continent, entre 321 et 474 tonnes d’or passeraient ainsi sous les radars officiels. L’équivalent de 41 % de la production totale en Afrique en 2022. Sur le podium des pays qui exportent le plus de cet or non déclaré : le Mali, où les orpailleurs artisanaux extraient jusqu’à 57 tonnes d’or chaque année.

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Dubaï, capitale du trafic. En 2022, les Émirats arabes unis ont importé la bagatelle de 405 tonnes d’or de contrebande en provenance d’Afrique, ce qui représente 66,7 % de l’ensemble des échanges du précieux métal entre le continent et les Émirats, selon les estimations de SwissAid.

En dix ans, 2 569 tonnes d’or ont ainsi été exportées depuis le continent vers les Émirats. Cela représente, selon les estimations, 115,3 milliards de dollars d’or échappant aux administrations fiscales africaines. Si Dubaï est largement en tête des acheteurs, la Suisse et l’Inde sont aussi deux destinations privilégiées par les contrebandiers.

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3. Alex Okossi (Google) : « L’Afrique doit être au centre de la révolution de l’IA »

Fracture numérique. Le patron de Google pour l’Afrique, Alex Okosi, était l’un des 2 500 décideurs économiques et politiques réunis à Kigali pour l’Africa CEO Forum*. Nommé il y a moins d’un an, il a, dans un entretien en vidéo à Jeune Afrique, exposé ses priorités. Au premier rangs de celles-ci, il affirme vouloir combattre la « fracture numérique », particulièrement profonde sur le continent, en s’appuyant sur les investissements dans les infrastructures, la formation et l’amélioration des financements à destination des PME innovantes.

Révolution de l’IA. Alex Okosi en est persuadé : l’IA peut constituer une opportunité de « bond en avant » inédite pour le continent. Mais pour que toutes les potentialités de ce « leap frog » crucial puisse profiter aux pays africains, les défis sont nombreux. « Nous devons nous assurer que l’Afrique soit au centre de la révolution de l’IA », martèle-t-il.

(*) L’Africa CEO forum, qui s’est tenu les 16 et 17 mai à Kigali, est un évènement organisé par Jeune Afrique Media Group.

4. L’énergie nucléaire en Afrique, un bluff russe ?

Rosatom dans les starting blocks. Éthiopie, Tunisie, Burkina Faso, Mali, Ouganda… Partout, les accords avec l’entreprise russe Rosatom fleurissent. Mais derrière les effets d’annonce, la réalité est plus complexe : au Burkina Faso, par exemple, la signature récente d’un accord prévoyant « la constructions de centrales nucléaires d’ici à 2030 » semble pour le moins ambitieux. Sur le financement, d’abord. Le coût du dernier réacteur nucléaire livré par Rosatom au Bangladesh s’élève à 12,65 milliards de dollars, soit 80 % du PIB de 2020 du Burkina Faso.

Pékin en embuscade. Dans son offensive nucléaire africaine, qui s’inscrit dans une volonté affichée de prendre des parts de marchés à la France, aux États-Unis, et à la Corée du Sud, Moscou a un concurrent sérieux : Pékin. Après avoir signé en 2014 un accord avec l’Afrique du Sud, qui prévoyait alors de se doter de nouveaux réacteurs pour une puissance 9,6 GW, la Chine a planté son drapeau à Khartoum et à Nairobi, où Pékin a paraphé en 2015, avec le Kenya Nuclear Electricity Board (KNEB), un autre partenariat visant à doter le pays d’une centrale de 1 GW « à l’horizon 2025 ». Pour l’heure, ces projets sont cependant loin d’être sorti de terre.

5. Au Cameroun, Samuel Eto’o règle encore ses comptes avec le ministre des Sports

Sans fin. Le conflit entre la Fédération camerounaise de football (Fecafoot) et le ministère des Sports et de l’Éducation physique persiste. Cette fois, la bataille se joue sur la composition du staff. Samuel Eto’o, le patron du football camerounais, avait accepté de former une équipes « hybride », dans laquelle « ses » hommes figureraient aux côtés de ceux désignés par le ministre des Sports, Narcisse Mouelle Kombi. Mais ce dernier et le sélectionneur choisi par lui, le Belge Marc Brys, ont décidé de modifier une nouvelle fois la liste.

Sanctions ? Cette crise persistante, malgré l’arbitrage de Paul Biya, expose le pays à des sanctions de la Fifa, estime la Fecafoot. Eto’o affirme notamment que seules les personnes nommées par la Fecafoot sont reconnues par la Fifa et habilitées à recevoir les accréditations nécessaires à l’organisation de rencontres internationales. Les autres ne pourront pas y participer. Juste avant le match du Cameroun contre le Cap-Vert, samedi 8 juin à Yaoundé, de nouveaux rebondissements sont donc sans doute à prévoir…

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