Mahmoud Abbas : « Je ne souhaite pas me présenter à la prochaine élection »

Le président palestinien Mahmoud Abbas a annoncé jeudi qu’il ne briguerait pas un nouveau mandat lors des élections générales prévues en janvier, manifestant ainsi sa frustration devant le blocage du processus de paix.

Publié le 6 novembre 2009 Lecture : 3 minutes.

"J’ai dit au comité exécutif de l’Organisation de Libération de la Palestine (OLP) et au Comité central du Fatah que je ne souhaite pas me présenter à la prochaine élection (présidentielle)", a déclaré M. Abbas lors d’une conférence de presse à Ramallah, en Cisjordanie.

"Ce n’est pas une manoeuvre. J’espère que tout le monde comprendra cette décision et je vais m’efforcer de la faire comprendre", a-t-il assuré.

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Les dirigeants de l’OLP ont fait savoir de leur côté qu’ils avaient "rejeté la décision (de M. Abbas) à l’unanimité" et qu’ils le soutenaient toujours comme leur candidat à la présidentielle du 24 janvier 2010.

Ce scrutin doit se dérouler en même temps que les législatives, mais les dirigeants palestiniens expriment eux-même des doutes sur la possibilité de tenir ces élections en raison des divisions interpalestiniennes.

Processus de paix bloqué

La décision de M. Abbas, âgé de 74 ans, survient au moment où le processus de paix au Proche-Orient est complètement bloqué, les Etats-Unis ayant échoué à convaincre les Israéliens de geler totalement la colonisation dans les territoires palestiniens.

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L’Autorité palestinienne réclame un arrêt de la colonisation israélienne, y compris à Jérusalem-Est (annexée par Israël en juin 1967) avant de reprendre les négociations de paix.

Lors de sa conférence de presse, M. Abbas n’a pas caché sa déception devant la politique de l’administration Obama sur le dossier israélo-palestinien.

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Le week-end dernier, à Jérusalem, la secrétaire d’Etat Hillary Clinton a apporté son soutien au Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu qui veut une reprise des pourparlers sans pré-condition et ne propose qu’un gel partiel de la colonisation.

La bourde de Clinton

Même si Mme Clinton a fait marche arrière, ses propos ont suscité une immense surprise et de l’incompréhension, sinon de la colère, dans le camp palestinien.

"Nous nous sommes félicités et nous avons été optimistes lorsque le président (Barack) Obama a annoncé la nécessité d’un arrêt complet des colonies (israéliennes)", a souligné M. Abbas.

"Nous avons été surpris par son soutien (ultérieur) pour la position israélienne", a-t-il déploré, en allusion aux propos de Mme Clinton.

"Les Américains ont abandonné leurs obligations", a accusé un dirigeant du Fatah (le parti de M. Abbas), Nabil Chaath, arguant que les Palestiniens avaient de leur côté respecté tous les engagements envers la communauté internationale depuis l’adoption de la Feuille de route en 2003.

La Feuille de route, adoptée par le Quartette pour le Proche-Orient (UE, Etats-Unis, Russie et ONU), prône notamment la coexistence de deux Etats, Israël et la Palestine, la fin des violences et de la colonisation juive.

Divisions inter-palestiniennes

La Maison Blanche a salué jeudi M. Abbas comme un "vrai partenaire" des Etats-Unis, en restant silencieux sur les conséquences de la décision du président palestinien.

Mme Clinton a pour sa part semblé accepter cette décision, déclarant qu’elle espérait travailler avec M. Abbas "quelles que soient ses fonctions".

Le geste de M. Abbas intervient aussi alors que le camp palestinien est profondément divisé, le Fatah et le mouvement islamiste Hamas (qui contrôle la bande de Gaza) étant incapables de se réconcilier en dépit d’une médiation de l’Egypte.

"Nous interprétons cette initiative (de M. Abbas) comme un message de désaveu envers ses amis israéliens et américains après qu’ils l’ont ignoré et instrumentalisé", a déclaré à l’AFP un porte-parole du Hamas.

Les deux principaux mouvements palestiniens sont à couteaux tirés depuis la violente prise de contrôle de la bande de Gaza par le Hamas, en juin 2007.

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