Burkina Faso : les « veilleurs » d’Ibrahim Traoré veulent que l’ambassade de France déménage

La Coordination nationale des associations de veille citoyenne (CNAVC) donne un mois à la chancellerie française pour prendre ses distances avec l’actuelle présidence.

© Damien Glez

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Publié le 7 juin 2024 Lecture : 2 minutes.

Alors que l’activiste Kemi Seba se voit offrir une « visite officielle » au pays des hommes intègres, avec meeting panafricaniste et « rencontre avec SEM Ibrahim Traoré », entre le 12 et le 15 juin prochains, son storytelling « anti-politique française » fait florès parmi les partisans d’IB (le surnom donné à Traoré). Lors d’une conférence de presse organisée ce mercredi 5 juin, la Coordination nationale des associations de veille citoyenne (CNAVC) a demandé à l’ambassade de France à Ouagadougou de déménager d’ici un mois.

Il ne s’agit pas d’aboutir, comme au Niger, à la fermeture des services administratifs français, mais de délocaliser l’ambassade de France ailleurs à Ouagadougou. Pour la Coordination, la proximité géographique des locaux des diplomates français avec la présidence du Faso représente une menace pour la sécurité des autorités de transition. Une proximité effective, que chacun pouvait constater dans de nombreux pays de l’ancien pré carré français sur le continent. À ceci près que cette réalité n’était plus de mise, au Burkina Faso, jusqu’en 2022.

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Bisbilles franco-burkinabè

Sous l’ère de Blaise Compaoré, la présidence avait été excentrée au palais de Kosyam, à l’écart des embouteillages du centre-ville ouagalais. En 2022, peut-être soucieux de se dédouaner du luxe du pouvoir et de se lover dans un bunker cerclé de militaires et de civils, le nouvel homme fort de la junte avait réintégré la primature, à quelques encablures de l’ambassade de France, pour en faire sa nouvelle présidence.

Une ambassade qui sera chahutée et prise pour cible par les cocktails molotov de manifestants lors du putsch de Traoré. Dans cette guerre des nerfs, aucun ambassadeur n’a formellement remplacé Luc Hallade et plusieurs diplomates et personnels français ont été expulsés du pays.

La France, mais aussi l’ONU

Au cœur de la nébuleuse autoproclamée « patriote », la CNAVC déploie régulièrement des éléments de langage compatibles avec la « communication de guerre » prônée par les tenants du régime, qui vient de s’adjuger cinq ans de mandat supplémentaires. En avril, la Coordination réaffirmait son soutien à la transition et s’en prenait aux « renégats de la nation se croyant cachés à l’intérieur ou à l’extérieur du pays sous des costumes de démocrates et de soi-disant défenseurs de liberté ou de droits de l’homme ». En mai, elle appelait à un « meeting populaire » au stade Issoufou Joseph Conombo, alors même que l’État proscrit les événements politiques publics.

Lors de cette dernière conférence de presse, la CNAVC a également tenu à rejeter les récentes déclarations des Nations unies, notamment celles du haut-commissaire de l’ONU aux droits de l’Homme, à propos d’une « enquête indépendante et transparente » souhaitée sur des présumées violations, au Burkina Faso, des droits humains. Et la Coordination d’évoquer des attitudes discriminatoires, méprisantes et même racistes de la part de l’Occident.

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