Pas de keffieh au bac tunisien : une décision politique… ou pas
Pour les épreuves du baccalauréat qui viennent de débuter, le ministère tunisien de l’Éducation a interdit le port du foulard symbole de la Palestine. Mais dément toute forme de brimade politique et évoque une simple mesure de lutte contre la triche.
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Damien Glez
Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.
Publié le 8 juin 2024 Lecture : 2 minutes.
Plus que toute autre tragédie actuelle, le médiatisé conflit qui oppose l’État israélien au Hamas s’est largement exporté au-delà du Proche-Orient depuis les évènements du 7-Octobre et les opérations militaires initiées, dans la foulée, par le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou.
Le secteur éducatif du Maghreb n’échappe pas au réveil d’une certaine jeunesse à une forme de conscience politique que d’aucuns croyaient anesthésiée. Sur les campus ou dans les écoles, cette vocation militante prend notamment la forme de happenings en solidarité avec la population palestinienne.
C’est sous ce prisme que nombre d’observateurs ont spontanément interprété, en Tunisie, un communiqué daté du 2 juin et signé par le ministère de l’Éducation. À trois jours du début des épreuves du baccalauréat prévues le 5 juin, le texte gouvernemental a interdit le port du keffieh, ce foulard connu pour être un emblème de la cause palestinienne.
L’interprétation politique de cette mesure ministérielle fait écho à une campagne lancée sur les réseaux sociaux. L’opération virale incitait les 140 000 candidats du bac à porter l’écharpe symbolique lors des examens du baccalauréat. Face à ce challenge militant, le texte du ministère n’est pas si univoque : « Il est interdit de porter le keffieh palestinien ou tout autre vêtement pouvant susciter des soupçons quant au comportement du candidat pendant les examens du baccalauréat. »
Réseaux de triche et fraude endémique
Pour ne pas susciter la dénonciation d’une censure de l’expression d’une sensibilité pro-palestienne, la ministre de l’Éducation, Salwa Abassi, a tenu à expliquer que le port du keffieh était autorisé jusqu’à l’entrée dans la salle d’examen. Amené à préciser les motivations de son communiqué dans les médias, le gouvernement s’est gardé de prendre position sur la solidarité avec les victimes de la bande de Gaza. Il explique simplement que l’ample tissu pourrait dissimuler des… anti-sèches.
Il est vrai que la tricherie aux examens est un fléau auquel la Tunisie est confrontée de façon incessante. Les autorités traquent notamment les dispositifs électroniques de fraude cachés dans des vêtements particulièrement peu cintrés. Rien que cette année, plusieurs réseaux ont été démantelés par les gouvernorats de Sousse et de Gafsa, respectivement au nord-est et au centre de la Tunisie.
La surveillance des examens deviendrait de plus en plus complexe, à mesure que les fraudeurs font preuve d’ingéniosité inédite. Au point d’instrumentaliser une solidarité politique ?
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