Procès de la « tentative de coup d’État » du 19 mai en RDC : les faits « sont passibles de la peine de mort »

Dans le box des accusés, une cinquantaine de prisonniers, dont trois Américains, ont comparu devant les juges pour la première audience du procès, qui s’est tenue ce vendredi dans l’enceinte de la prison militaire de Ndolo, à Kinshasa.

Christian Malanga (au 2e rang au centre) parmi ses co-accusés, lors de la première audience du procès de la « tentative de coup d’État » du 19 mai, à la prison militaire de Ndolo, à Kinshasa, le 7 juin 2024.

Christian Malanga (au 2e rang au centre) parmi ses co-accusés, lors de la première audience du procès de la « tentative de coup d’État » du 19 mai, à la prison militaire de Ndolo, à Kinshasa, le 7 juin 2024.

Publié le 8 juin 2024 Lecture : 3 minutes.

Une cinquantaine de prisonniers, dont trois Américains, dans le box des accusés, une dizaine de fusils d’assaut alignés devant les juges. Le procès de la « tentative de coup d’État » que l’armée de la RDC dit avoir déjouée le 19 mai s’est ouvert ce vendredi 7 juin à Kinshasa. Il a été suspendu en fin de journée et reprendra vendredi prochain, le 14 juin.

Les faits concernés « sont passibles de la peine de mort », déclare au début de l’audience le président du tribunal militaire de Kinshasa-Gombe aux trois hommes qui, debout devant lui et assistés d’un interprète, ont décliné leur identité. Marcel Malanga, 21 ans, Taylor Christian Thomson, 21 ans, Benjamin Reuben Zalman-Polun, 36 ans, sont tous trois de nationalité américaine, nés aux États-Unis.

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Comme tous les autres accusés au procès, qui se tient sous une grande tente dans l’enceinte de la prison militaire de Ndolo, à Kinshasa, ils sont vêtus de la tenue jaune et bleue des détenus. Près d’eux, devant les juges, ont été disposés une dizaine de fusils d’assaut et diverses autres pièces à conviction.

Suivra, lors de cette première audience l’identification de tous les autres prévenus, parmi lesquels trois autres étrangers, un Belge, un Canadien et un Britannique, tous des Congolais naturalisés. Se présentant comme maçon, enseignant, cultivateur, artiste plasticien, journaliste ou serveur, tous ont été informés des faits qui leur sont reprochés, sans avoir eu à ce stade l’occasion de présenter leurs moyens de défense.

En fin de nuit, le dimanche 19 mai à Kinshasa, plusieurs dizaines d’hommes armés avaient attaqué le domicile du ministre Vital Kamerhe, chef de l’Union pour la nation congolaise (UNC), devenu depuis le président de l’Assemblée nationale. Deux policiers commis à sa garde avaient été tués.

Les assaillants avaient ensuite investi non loin de là le palais de la Nation, bâtiment historique abritant des bureaux du président Félix Tshisekedi, avant l’intervention des forces de sécurité qui, selon l’armée, ont interpellé une quarantaine d’assaillants et en ont tué quatre autres, dont leur chef, Christian Malanga, 41 ans – le père de Marcel –, un Congolais installé aux États-Unis.

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D’éventuels commanditaires ?

Cette opération commando pour renverser un régime est entourée de nombreuses questions, notamment sur d’éventuels commanditaires. « L’opacité » autour des interrogatoires des présumés putschistes a également été dénoncée par certains défenseurs des droits de l’homme, qui doutent de la capacité du procès à faire la lumière sur cette affaire.

Quatre femmes figurent parmi les accusés, de même qu’un expert militaire belge bien connu à Kinshasa, Jean-Jacques Wondo, arrêté deux jours après les faits, le 21 mai. Jean-Jacques Wondo est accusé d’être un « complice de Christian Malanga », car il « aurait fourni un moyen de transport » aux présumés putschistes, a expliqué son avocat, Me Masingo Shela. Il « ne reconnaît rien de ce qui lui est reproché. Il est préparé à se défendre », avait-il assuré avant l’audience.

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Des diplomates occidentaux ont assisté au premier jour du procès, en plus de nombreux journalistes. Les chefs d’accusation retenus dans ce dossier sont « attentat, terrorisme, détention illégale d’armes et munitions de guerre, tentative d’assassinat, association de malfaiteurs, meurtre, financement du terrorisme ».

Une autre enquête est menée sur des exécutions sommaires qui auraient eu lieu après l’opération, lorsque des militaires ont été filmés tirant sur deux présumés putschistes désarmés, dont un qui avait sauté dans le fleuve Congo pour tenter de s’enfuir. En mars dernier, le gouvernement congolais a levé le moratoire sur l’exécution de la peine de mort qui était en vigueur depuis 2003 dans le pays. Il expliquait que cette mesure ciblait notamment les militaires accusés de trahison.

(avec AFP)

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