Sommet inter-malgache en Ethiopie : poker menteur ou réussite ?
Les différentes mouvances politiques malgaches se réunissent à Addis Abeba ce mardi pour tenter de résoudre la crise.
Les principaux leaders malgaches se retrouvent mardi en Ethiopie pour poursuivre leurs délicates négociations sur la répartition des postes à la tête de la transition politique, le président évincé Ravalomanana ayant annoncé son intention de "rebattre les cartes".
Ce nouveau "sommet", sous médiation internationale, s’inscrit dans la continuité des discussions tenues à Maputo fin août et à Antananarivo début octobre, qui avaient permis d’ébaucher un consensus désormais contesté par Marc Ravalomanana.
Ce dernier a récemment martelé qu’il n’accepterait "jamais la nomination d’un auteur de coup d’Etat (Andry Rajoelina) à la tête de la transition".
Pendant trois jours à Addis Abeba, la communauté internationale va donc devoir rapprocher les positions contradictoires de MM. Rajoelina, Ravalomanana, ainsi que des deux ex-chefs d’Etat Didier Ratsiraka et Albert Zafy, dans le but de permettre la mise en oeuvre des accords de sortie de crise de Maputo du 9 août.
Difficile consensus
Ces accords ont notamment dessiné l’architecture d’une transition politique censée mener le pays à une élection présidentielle au plus tard fin 2010.
Lâché par l’armée, M. Ravalomanana avait remis le 17 mars ses pouvoirs à un directoire militaire, qui les avait immédiatement transférés à Andry Rajoelina, l’ex-maire d’Antananarivo, devenu en quelques mois son principal opposant au terme d’un mouvement populaire.
Ce changement de régime anticonstitutionnel a été sanctionné par la communauté internationale, qui a en grande partie suspendu ses aides au pays, l’un des plus pauvres du monde, et dont les bailleurs de fonds assurent 70% du budget de l’Etat.
A l’issue d’une réunion avec les quatre mouvances le 6 octobre à Antananarivo, le Groupe international de contact (GIC) avait annoncé qu’un consensus avait été trouvé: M. Rajoelina se voyait confier la présidence de la transition et Eugène Mangalaza, de la mouvance de M. Ratsiraka, était désigné Premier ministre en remplacement de Monja Roindefo.
Désavouant ses représentants qui avaient un temps accepté cette idée à la condition que M. Rajoelina ne puisse pas être candidat lors de la prochaine élection présidentielle, M. Ravalomanana a remis en cause cette annonce.
Pour la médiation internationale, le consensus du 6 novembre est cependant entériné.
Rajoelina affaibli
"Cette réunion a permis de débloquer la désignation d’un Premier ministre de consensus (. . . ) A partir du moment où il n’y a plus de problème à ce niveau, de facto Andry Rajoelina assume la présidence de la Transition", a affirmé à l’AFP Ablassé Ouedraogo.
Seule trace du consensus du 6 octobre, le communiqué du GIC a été pris au pied de la lettre par Andry Rajoelina qui se présente depuis comme "Président de la transition". Il a en tant que tel nommé par décret M. Mangalaza au poste de Premier ministre de consensus.
Ce dernier, qui n’a pour le moment effectué qu’un bref passage à Madagascar, n’a pas encore pris ses fonctions, et Monja Roindefo, le Premier ministre écarté, refuse de quitter la Primature malgré la défection de ses ministres qui ont publiquement annoncé "ne plus recevoir d’ordre de sa part".
Cette discorde entre MM. Rajoelina et Roindefo, tandem historique de la crise, a quelque peu affaibli M. Rajoelina, qui s’appuie sur une alliance hétéroclite de partis politiques.
M. Roindefo a assuré qu’il ne quitterait pas son poste tant qu’un accord "ne serait pas signé entre les quatre chefs de file".
L’équipe de médiation a elle refusé d’évoquer l’hypothèse d’un consensus a minina, sans Marc Ravalomanana.
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