Grève dans le secteur bancaire malien : le spectre de la contagion

Pour exiger la libération de son secrétaire général, Hamadoun Bah, le Syndicat national des assurances, banques et établissements financiers du Mali (Synabef) a annoncé la prolongation de sa grève. Des effets multiples se font déjà sentir.

© Damien Glez

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Publié le 10 juin 2024 Lecture : 2 minutes.

Même dans des contrées au faible taux de bancarisation et aux transferts mobiles déterminants, les institutions bancaires restent essentielles au tissu économique sahélien. Au Mali, la vie quotidienne est donc bien perturbée par la grève renouvelée du Syndicat national des assurances, banques et établissements financiers (Synabef). Le 8 juin, l’organisation a décidé de prolonger son appel au débrayage, par la voix de son premier secrétaire général adjoint, Abdoulaye Keïta.

C’est en réaction au placement sous mandat de dépôt de son secrétaire général que la centrale syndicale avait lancé, le 5 juin et sans préavis, la grève du secteur bancaire. Par ailleurs secrétaire général adjoint de l’Union nationale des travailleurs du Mali (UNTM), Hamadoun Bah est incarcéré en raison d’une plainte de l’ancien secrétaire général du comité syndical de la Banque de développement du Mali (BDM), Papa Sadio Traoré, pour « faux et usage de faux », « injures » et « diffamation ».

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Premiers effets et perspectives

Le Synabef entend prolonger son mouvement jusqu’à la libération de son responsable. Avec la suspension des services bancaires, les professionnels ont toutes les peines du monde à payer leurs fournisseurs ou à honorer les rémunérations.

Du côté des particuliers, le manque de liquidité perturbe les achats quotidiens. En sus, conformément aux effets spéculatifs traditionnellement liés aux perturbations économiques diverses, les marchés auraient déjà procédé à une augmentation des prix. Un effet « inflationniste » particulièrement inquiétant, à quelques jours d’une période ponctuellement déjà propice à la vie chère : la fête musulmane de la Tabaski.

Une spirale gréviste ?

D’autres secteurs vont-ils être touchés en cascade ? Déjà, des stations-service ont emboîté le pas des banques. Les organisations syndicales des secteurs des mines, des collectivités territoriales ou de l’éducation ont également exprimé leur solidarité avec Hamadoun Bah.

Cette fièvre économique en rapport avec la justice pourrait également donner une occasion aux larrons politiciens. Le secteur des partis politiques et de la société civile a commencé à bruisser de signes de contestation, notamment à propos de la montée du coût de la vie, mais aussi des délestages électriques. Or la suspension des services bancaires pourrait largement perturber les activités d’Énergie du Mali (EDM), la compagnie chargée de la production, du transport et de la distribution d’électricité.

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Au-delà des syndicats, des consommateurs et des politiques, le patronat entre également dans la danse. Il voudrait profiter de possibles négociations sociales pour obtenir l’instauration d’un service minimum.

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