L’Union africaine impose des sanctions à la junte guinéenne

L’Union africaine (UA) a décidé jeudi d’imposer des sanctions aux membres de la junte au pouvoir en Guinée qui ne se sont pas engagés à renoncer à se présenter à l’élection présidentielle de janvier.

Publié le 30 octobre 2009 Lecture : 3 minutes.

Ces sanctions ciblées, à effet immédiat, visent le capitaine de cette junte arrivée au pouvoir en décembre, Moussa Dadis Camara, ainsi que les membres du Conseil national pour la démocratie et le développement (CNDD, junte), selon un communiqué lu à l’issue d’une réunion du Conseil de paix et de sécurité de l’UA dans la capitale nigériane.

Il s’agit de "refus de délivrer des visas, de restrictions de voyages et de gel d’avoirs", imposés également "aux membres du gouvernement et à toute autre personne, civile ou militaire, dont les activités sont destinées à maintenir le statu quo inconstitutionnel en Guinée".

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Cette annonce tombe le même jour que celle des Etats-Unis qui ont décidé de mettre en oeuvre de nouvelles sanctions contre la junte limitant l’entrée de certains de ses membres sur le sol américain.

Moussa Dadis Camara avait été porté au pouvoir par un coup d’Etat sans effusion de sang, le 23 décembre 2008, après la mort du dictateur Lansana Conté qui dirigeait le pays depuis 1984.

Ultimatum non respecté

L’officier putschiste envisage d’être candidat à la présidentielle prévue en janvier, après avoir maintes fois promis qu’au terme de la transition il confierait le pouvoir à un président civil.

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L’UA avait fixé un ultimatum – qui a expiré mi-octobre – aux membres de la junte et notamment à son chef, pour qu’ils s’engagent par écrit à ne pas se présenter à l’élection.

Mais le capitaine a demandé que la question de sa candidature soit inscrite dans les discussions menées sous la médiation du président burkinabè, Blaise Compaoré.

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La junte a été unanimement condamnée après la répression sanglante d’une manifestation pacifique de l’opposition qui justement entendait protester contre sa candidature, le 28 septembre à Conakry. La junte affirme que 56 civils ont été tués, l’ONU évoque plus de 150 morts.

Le président de la commission de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cedeao), Mohamed Ibn Chambas, a indiqué que les sanctions décidées par l’UA étaient entrées en vigueur.

"Les sanctions sont en vigueur mais la liste doit être finalisée", a-t-il déclaré à l’AFP, ajoutant qu’elle serait "mise en circulation d’ici une semaine".

Elle sera notamment transmise à l’ONU et à la Ligue arabe.

Une "cour criminelle hybride" pour le Darfour ?

L’Union européenne (UE) a décrété des sanctions à l’encontre de membres et proches de la junte ainsi qu’un embargo sur les armes après la répression du 28 septembre. Soutenu par les Etats-Unis, un embargo sur les armes a déjà été décrété par la Cedeao.

Lors de sa réunion à Abuja, le Conseil de paix et de sécurité de l’UA a par ailleurs validé jeudi un rapport clé sur le Darfour (province de l’ouest du Soudan en guerre civile), préconisant notamment la création "d’une cour criminelle hybride", formée de juges soudanais et étrangers, pour juger les auteurs de crimes commis au Darfour.

D’après l’ex-président sud-africain Thabo Mbeki, à la tête du panel qui a produit le rapport, le Soudan est favorable a l’idée mais doit vérifier ce que prévoit sa Constitution dans ce domaine.

Le second vice-président soudanais Ali Osmane Taha, qui participait à la réunion, a indiqué que Khartoum allait "regarder ce rapport avec un esprit ouvert et avec sérieux".

Le conflit au Darfour a fait depuis 6 ans 300. 000 morts, selon les estimations de l’ONU – 10. 000 d’après Khartoum – et entraîné le déplacement de 2,7 millions de personnes.

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