Trafic de drogue en Guinée : 30 avocats jettent l’éponge

Les défenseurs dénonce l’ingérence de la junte au pouvoir dans le dossier de leurs clients.

Publié le 29 octobre 2009 Lecture : 2 minutes.

Une trentaine d’avocats guinéens, chargés de la défense d’anciens responsables policiers et militaires accusés de trafic de cocaïne, ont annoncé jeudi à Conakry qu’ils se retiraient de la procédure pour protester contre l’"immixtion intolérable" du chef de la junte dans l’affaire.

"Pour ne pas cautionner une parodie de justice (. . . ), le collectif des avocats des inculpés a pris la décision de se retirer dès à présent de cette procédure dans laquelle les dés sont déjà jetés", selon un communiqué transmis jeudi à l’AFP à Dakar.

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Les avocats assurent que le capitaine Moussa Dadis Camara, à la tête de la Guinée depuis la prise du pouvoir par l’armée fin 2008, s’est rendu lundi au ministère de la Justice afin d’examiner avec des magistrats "un seul point: celui relatif au dossier des présumés narcotrafiquants".

Selon le communiqué, tous les magistrats qui ont eu en charge ce dossier ont été "sommés de justifier leurs réquisitoires et ordonnances".

Cas de conscience

Les avocats assurent que le ministre en charge de la lutte contre la drogue, le commandant Moussa Tiegboro Camara, avait auparavant convoqué trois inculpés au siège de la junte et leur avait déclaré qu’"aucune décision de mise en liberté dans ce dossier ne pouvait être prise sans qu’il en soit informé et que les juges devaient lui rendre compte de toute décision de cette nature".

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Les avocats dénoncent une nouvelle "immixtion grave et intolérable de l’exécutif dans le fonctionnement du pouvoir judiciaire" et estiment que les magistrats sous pression ne peuvent plus "rendre une décision impartiale".

Les prévenus sont d’anciens officiers généraux de l’armée et de hauts cadres de la police nationale, arrêtés depuis le putsch. Parmi eux figurent l’ancien chef d’état-major général des armées, le général Diarra Camara, et l’ancien directeur général des services de police, Sékou Mohamed Bangoura.

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Guerre totale contre la drogue

Ces avocats avaient déjà affirmé en septembre que leurs clients subissaient des "traitements dégradants et inhumains" en détention.

Le capitaine Moussa Dadis Camara, placé sous forte pression de la communauté internationale depuis le massacre d’opposants par l’armée le 28 septembre, a maintes fois annoncé que les narcotrafiquants seraient "châtiés".

"Si je quitte aujourd’hui le pouvoir, la drogue reviendra dans le pays", avait-il affirmé fin septembre à l’AFP. "Quand vous avez un homme comme ça, qui a banni la drogue du pays, il faut le sauvegarder au lieu de parler de démocratie", avait ajouté le capitaine putschiste.

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