Angolagate : Pasqua charge Chirac, Juppé et Balladur
Après sa condamnation dans l’affaire de l’Angolagate mardi, Charles Pasqua met en cause les responsables politiques de l’époque, parmi lesquels Jacques Chirac, Alain Juppé et Edouard Balladur. Il réclame la levée du secret défense dans plusieurs dossiers sensibles.
Condamné dans l’affaire de l’Angolagate, le sénateur Charles Pasqua a contre-attaqué en mettant en cause Jacques Chirac, Edouard Balladur et Alain Juppé et en réclamant la levée du secret défense dans ce dossier mais aussi dans d’autres affaires politiques sensibles.
Il a enfoncé le clou dans la soirée à Canal+ en assurant que cela "fera trembler un certain nombre de personnages de la République" et garnira "probablement" les prisons.
Versements contre ventes d’arme
L’ancien ministre de l’Intérieur, 82 ans, a été pour la première fois condamné mardi en première instance à une peine de prison ferme pour son rôle dans le dossier de l’Angolagate, une affaire de trafic d’armes remontant aux années 1990. Il a annoncé qu’il allait faire appel de cette condamnation.
Cette condamnation vise notamment le versement par la société de ventes d’armes Brenco de quelque 230. 000 euros en juillet 1996 à l’association France-Afrique-Orient, dont M. Pasqua fut un temps le vice-président.
Le sénateur des Hauts-de-Seine a immédiatement réagi en expliquant que plusieurs personnalité dont le président Chirac était au courant de ces ventes d’armes.
"Le président de la République, le premier ministre le ministre des Finances et le ministre de la Défense. Tous les quatre étaient forcément au courant. Sous le mandat de François Mitterrand de 1993 à 1995, puis sous la présidence Chirac de 1995 à 1998. Plus, les deux premiers ministres concernés que sont Édouard Balladur et Alain Juppé", a-t-il précisé au Figaro.
Dans son jugement, le tribunal accrédite les propos de M. Pasqua en dénonçant "l’incurie" des autorités, sans pour autant exonérer les prévenus de leurs responsabilités.
"Il faut tout lever ! Les Français ont le droit de savoir"
Relevant des "coïncidences" entre son ambition présidentielle déclarée en 2000 et le début de ses "ennuis" judiciaires, Charles Pasqua a demandé "la levée du secret défense sur toutes les ventes d’armes afin que l’on sache s’il y a eu des retours de commissions en France et qui en a bénéficié".
M. Pasqua a souhaité la levée du secret défense sur les dossiers Clearstream et les frégates de Taïwan: "Il faut tout lever ! Les Français ont besoin de le savoir".
Le juge Renaud van Ruymbeke a rendu un non-lieu dans l’affaire des frégates de Taïwan, où l’on soupçonne le versement de rétrocommissions à des politiques, après avoir essuyé des refus de déclassification de documents.
L’affaire Clearstream, qui a vu l’affrontement entre Nicolas Sarkozy et Dominique de Villepin, avait pour origine des documents falsifiés prétendant révéler le nom de bénéficiaires de rétrocommissions. L’hypothèse d’une implication des services secrets a été évoquée.
Dans l’affaire de l’attentat de Karachi, des juges étudient la piste d’un contentieux franco-pakistanais qui pourrait être lié au non-versement de commissions liées à la vente de sous-marins. Les noms d’Edouard Balladur et de Nicolas Sarkozy ont été cités par les enquêteurs à propos d’éventuelles rétrocommissions.
Dans la foulée de Pasqua, les parlementaires socialistes ont lancé mercredi une pétition pour une levée "immédiate" du secret défense.
Le président du MoDem, François Bayrou s’est dit favorable à cette demande pour "assainir" la vie politique. "Plus on fera apparaître la vérité dans ce genre d’affaires, mieux ce sera. Cela ne vise pas uniquement les ventes d’armes", a déclaré pour sa part Edouard Balladur.
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