En Algérie, un baccalauréat déconnecté de force

Pour la durée des épreuves du bac, le gouvernement algérien a encore une fois décidé de lutter contre la tricherie en interrompant les connexions aux réseaux numériques aux heures des examens.

© Damien Glez

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Publié le 12 juin 2024 Lecture : 2 minutes.

Si la suspension d’internet est un sport national dans bien des nations africaines, c’est généralement pour des raisons de contrôle des mobilisations politiques contestataires. À un trimestre de l’élection présidentielle algérienne, c’est pour une autre raison que le gouvernement a décidé de bloquer l’accès à internet, sur les réseaux mobile et fixe des opérateurs téléphoniques. Il s’agit d’empêcher la fraude au baccalauréat, certains candidats réussissant à communiquer avec l’extérieur pendant les épreuves, via des smartphones dissimulés.

Peut-être parce que la mesure est jugée disproportionnée par les acteurs du secteur économique, friands de technologies de l’information, le gouvernement, selon la presse, n’aurait pas annoncé la déconnexion. Peut-être aussi pour empêcher les fraudeurs sereins de préparer des plans B plus conventionnels. Par ailleurs, pour diminuer les impacts, les interruptions de réseaux sont sporadiques, concentrées sur les horaires précis des épreuves du bac, la matinée et l’après-midi.

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Méthodes alternatives ?

Nombre d’observateurs considèrent que la lutte contre la fraude pourrait mobiliser des moyens moins pénalisants pour les secteurs qui ne sont pas concernés par la tenue des examens de fin d’année. Ils évoquent notamment un meilleur contrôle des objets connectés à l’entrée des épreuves, et une ferme application des sanctions qui, dans le code pénal, peuvent aller jusqu’à de la prison ferme et de fortes amendes, pour les candidats pris en flagrant délit comme pour leurs complices à l’extérieur.

La presse suppose également que des systèmes de brouillage locaux pourraient être mis en place. En outre, une réforme du baccalauréat qui tiendrait compte, en partie, du contrôle continu couperait partiellement l’herbe sous le pied du tricheur en… herbe. Et d’ajouter que c’est aussi une question de formation pédagogique à l’esprit civique et au respect des valeurs liées au travail…

Un fléau à l’échelle maghrébine

Si les autorités emploient des grands moyens impopulaires, c’est que la triche aux examens est devenue endémique, les fraudeurs rivalisant d’ingéniosité. Et le fléau est le même dans le reste du Maghreb.

Les 5 et 6 juin derniers, la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN) marocaine et la Direction générale de la surveillance du territoire (DGST) faisaient arrêter 66 personnes impliquées dans la triche aux examens régionaux unifiés du baccalauréat.

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Le dimanche 2 juin, Le ministère tunisien de l’Éducation interdisait le port du keffieh, également lors des examens du bac, non pour étouffer une expression de solidarité avec le peuple palestinien, mais pour éviter que des supports de triche ne soient dissimulés sous le foulard emblématique.

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