Sierra Leone : ultime verdict pour les ex-chefs rebelles

Le procès des ex chefs-rebelles de la guerre civile en Sierra Leone, procès qui a débuté en 2004, arrive à son terme ce lundi, avec la lecture d’un verdict en appel. Les responsables devront répondre de multiples chefs d’accusation, dont crimes de guerre et crimes contre l’humanité.

Publié le 26 octobre 2009 Lecture : 2 minutes.

Le tribunal spécial établi en 2002 en Sierra Leone pour juger les plus importants responsables des crimes commis durant la guerre civile (1991-2001) rend, lundi, son ultime verdict, dans le procès en appel de trois anciens chefs rebelles du Front révolutionnaire uni (RUF). La lecture d’une synthèse du verdict doit débuter à 10H30.

Une fois cette décision rendue, le tribunal spécial fermera ses portes à Freetown. Le seul autre procès du TSSL encore en cours se tient aux Pays-Bas, pour des raisons de sécurité: l’ancien président libérien Charles Taylor est jugé à La Haye pour son implication dans la guerre civile en Sierra Leone.

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Dans ce pays d’Afrique de l’Ouest, voisin de la Guinée-Conakry et du Liberia, quelque 120.000 personnes sont mortes et des dizaines de milliers ont été mutilées en une décennie de conflit. Les derniers Casques bleus de l’ONU n’en sont partis qu’à la fin 2005.

Entreprise de terreur

Lundi, le TSSL se prononce à Freetown sur le sort de trois ex-chefs rebelles – Augustine Gbao, Morris Kallon et Issa Hassan Sesay – condamnés en avril respectivement à 25, 40 et 52 années d’emprisonnement, pour une série de "crimes de guerre" et "crimes contre l’humanité". Le trio était initialement poursuivi au côté du fondateur du RUF, Foday Sankoh. Mais Sankoh est décédé en détention préventive avant d’être jugé.

Le RUF régnait en terrorisant les populations civiles par des meurtres massifs, des viols et mutilations dites "manches courtes ou manches longues": les agresseurs demandaient parfois aux victimes de choisir entre une amputation à partir de l’épaule ou seulement au poignet.

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Le TSSL avait conclu en première instance que Gbao, Kallon et Sesay avaient "contribué de manière significative" à une entreprise criminelle conjointe avec Charles Taylor pour contrôler les zones de production de diamants et financer ainsi la guerre. Leur responsabilité avait été reconnue dans des attaques contre des troupes de l’ONU et pour l’utilisation d’enfants soldats, âgés parfois de seulement huit ou neuf ans.

693 années d’emprisonnement pour 16 chefs d’inculpation

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Tout au long du procès en première instance, les 75 témoins présentés par l’accusation avaient détaillé des faits atroces. L’un d’eux avait relaté comment sa femme avait été violée par huit combattants rebelles qui l’avaient ensuite mise à mort, sous ses yeux et ceux de ses enfants.

Dirigeant du mouvement, Issa Sesay, 38 ans, s’était vu infliger, en avril, la peine la plus lourde jamais prononcée par ce tribunal spécial soutenu par l’ONU. Il avait été condamné à 693 années d’emprisonnement cumulées pour 16 chefs d’inculpation. Mais, du fait de la confusion des peines, cette peine équivalait au maximum à 52 ans en prison.

Morris Kallon, 45 ans, ancien commandant des RUF, avait écopé de 40 ans. Quant à Augustine Gbao, 60 ans, présenté comme le principal idéologue du mouvement, il s’était vu infliger 25 ans.

Appel du verdict

Les trois prévenus ont toujours affirmé leur innocence durant les quatre ans de procédures judiciaires.

La défense, mais également l’accusation, avaient fait appel du verdict prononcé en avril. Les avocats de Sesay ont notamment soutenu qu’il n’était pas présent dans les secteurs où les atrocités avaient été commises. Quant à l’accusation, elle souhaite que Gbao et Kallon soient reconnus coupables pour davantage de chefs d’inculpation.

Depuis 2004, le TSSL a jugé les responsables des trois principales factions de la guerre sierra-léonaise: les forces de défense civiles (CDF, milice progouvernementale), le Conseil révolutionnaire des forces armées (AFRC, membres de l’ancienne junte militaire) et le RUF.

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