Le médecin rwandais condamné par les tribunaux gacacas
Un médecin rwandais suspendu de ses fonctions dans un hôpital du nord de la France pour son implication présumée dans le génocide de 1994, a été condamné il y a un mois par contumace à la perpétuité par un tribunal populaire rwandais.
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Le docteur Eugène Rwamucyo qui travaillait jusqu’à jeudi dernier à l’hôpital de Maubeuge, dans le nord de la France, "a été condamné à la perpétuité il y a mois", a indiqué jeudi un membre du jury ayant siégé dans l’affaire. Le médecin a été jugé par le tribunal gacaca de Ngoma, dans la ville de Butare (sud).
Inspirées de la tradition rwandaise,les juridictions gacacas sont chargées de juger les auteurs présumés du génocide perpétré contre les Tutsis en 1994, à l’exception des "planificateurs au niveau national" (qui relèvent des juridictions classiques).
Le jury a conclu que le docteur Rwamucyo faisait partie d’"un comité de crise qui a organisé et supervisé le génocide à Butare" en 1994, selon la source jointe par téléphone, qui s’exprimait sous couvert de l’anonymat.
Plusieurs anciens professeurs condamnés
Ce jugement est confirmé par le quotidien progouvernemental rwandais,le New Times, qui souligne que Rwamucyo figure sur la liste des 45 principaux responsables des massacres de Tutsis à l’Université nationale du Rwanda (UNR) et à l’Hôpital universitaire, deux institutions situées à Butare.
Plusieurs anciens professeurs à l’UNR et médecins à l’hôpital universitaire ont été jugés et condamnés par contumace pour leur rôle dans le génocide perpétré contre les Tutsis en 1994 à Butare.Parmi eux, figurent l’ancien vice-recteur de l’université, Jean-Berchmans Nshimyumuremyi et le docteur Séraphin Bararengana, frère de l’ex-président Juvénal Habyarimana dont l’assassinat, le 6 avril 1994, fut l’élément déclencheur des massacres.
La ville de Butare était, à l’époque, le plus haut lieu intellectuel du Rwanda.
Diabolisation
Eugène Rwamucyo, médecin du travail à l’hôpital de Maubeuge (nord de la France), âgé d’une cinquantaine d’années, avait été suspendu de son poste la semaine dernière.
Il fait l’objet de demandes de renseignements de la part d’Interpol pour son implication présumée dans le génocide rwandais.
L’affaire a débuté lorsqu’une infirmière de l’hôpital de Maubeuge a consulté le docteur Rwamucyo début octobre, lequel aurait formulé "des remarques déplacées sur son embonpoint". Elle aurait alors fait des recherches sur son compte en tapant son nom sur Google, et découvert que le médecin était recherché par Interpol.
M. Rwamucyo, qui vit en Belgique, tout près de la frontière française, et a aussi dans le passé exercé au centre hospitalier universitaire de Lille (nord), a catégoriquement démenti ces accusations, se disant un "bouc-émissaire" et "victime d’une diabolisation".
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