Vladimir Poutine aussi a ses Jeux
Tenue à l’écart de nombreux événements sportifs internationaux depuis la guerre en Ukraine, la Russie accueille les Jeux des Brics et prévoit de prochains Jeux de l’Amitié. Des événements instrumentalisés au profit d’un nouvel ordre mondial rêvé.
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Damien Glez
Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.
Publié le 13 juin 2024 Lecture : 2 minutes.
Difficile de concurrencer la surface médiatique impressionnante des Jeux olympiques de Paris, alors que six millions de téléspectateurs ont suivi l’arrivée de la flamme à Marseille. Initiateur des Jeux des Brics, Vladimir Poutine n’aurait pas pu espérer meilleur brouillage du buzz olympique que la cacophonie politicienne qui suit la dissolution, par Emmanuel Macron, de son Assemblée nationale. Une dissolution qui pourrait d’ailleurs conduire aux affaires l’extrême droite, composante la moins russophobe de l’échiquier politique français…
À moins de deux mois des JO de Paris, le président russe boit du petit-lait en accueillant, du 12 au 23 juin, dans la ville russe de Kazan, l’édition 2024 des Jeux des Brics. Une sorte de contre-évènement qui ne se limite pas à des compétitions entre les neuf pays d’une entité qui apparaît de plus en plus comme un regroupement géopolitique alternatif : le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine, l’Afrique du Sud, l’Égypte, les Émirats arabes unis, l’Éthiopie et l’Iran.
Boxe sportive et pugilat géopolitique
Ce sont 5 000 athlètes issus de 97 pays – quasiment la moitié des nations du monde – qui s’affrontent à 720 km à l’est de Moscou, dans des disciplines sportives typiquement olympiques, comme la natation ou la boxe, mais aussi les échecs et le rock acrobatique.
Si le concours de muscles entre les Jeux de Kazan et ceux de Paris est si important, c’est parce que la France et la Russie se tirent la bourre, en 2024, notamment sur un terrain africain riche de matières premières et de suffrages dans les instances internationales.
Depuis le déclenchement du conflit en Ukraine, la diabolisation de la Russie de Poutine par les puissances occidentales a d’ailleurs déteint sur le secteur des compétitions sportives internationales. Si des athlètes de nationalité russe pourront concourir aux Jeux de Paris, ils devront y participer sous bannière neutre, n’auront pas le droit de parader à la cérémonie d’ouverture et, surtout, ont dû signer un document dans lequel ils affirment ne pas soutenir la guerre en Ukraine. Difficile pour Poutine d’en faire des héros nationaux, même en cas de médailles. Le très viriliste président de la Fédération de Russie est pourtant un adepte des démonstrations musclées et du soft power que constitue le sport…
Un CIO grognon
Conscient de l’enjeu des manifestations sportives alternatives en pleine campagne russe de séduction des pays du Sud, le Comité international olympique (CIO) déploie tous les moyens de pression qu’il peut. Sans que l’on sache jusqu’où il pourrait aller, il a menacé de sanctions les pays dont les Comités olympiques nationaux participeraient aux Jeux des Brics.
Et la tempête ne se limite pas au verre d’eau de Kazan. Ambitionnant d’établir un nouvel ordre mondial du sport, le Kremlin prévoit des Jeux de l’Amitié, en septembre, à Moscou et Ekaterinbourg. Un nouveau chapitre dans son récit anti-occcidental, après les Jeux des Brics mais aussi les Jeux du Futur déjà organisés à Kazan, en février dernier.
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