Des centaines de Français quittent la Guinée

Quelques centaines des 2. 500 Français présents en Guinée entendent plier bagages, comme le leur avait recommandé le ministère français des Affaires étrangères.

Publié le 20 octobre 2009 Lecture : 3 minutes.

"Je pars pour quelque temps", lance le proviseur du lycée français de Conakry, Rodolphe Ratoreté, en franchissant le dernier cordon de sécurité de l’aéroport de la capitale guinéenne pour s’envoler vers Paris.

Quelques centaines des 2. 500 Français présents en Guinée se sont, comme lui, résolus au départ.

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Le ministère français des Affaires étrangères avait, il y a une semaine, "recommandé aux Français présents sur place de quitter" ce pays d’Afrique de l’Ouest, en raison de la détérioration de la situation dans la capitale, après le massacre d’opposants le 28 septembre par les forces de sécurité.

Cette décision a occasionné la fermeture du lycée français dont la quasi-totalité du corps enseignant est partie.

Vols à destination de Paris complets

Un sac en bandoulière, le proviseur espère être absent "pas trop longtemps". Trois secrétaires gèrent les affaires courantes dans son établissement, en attendant une fermeture totale prévue dans quelques jours et jusqu’en janvier.

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"La semaine écoulée, les vols à destination de Paris ont affiché complet", assure l’adjudant Diawara Sirima, du service de l’immigration à l’aéroport.

"Quelque centaines de personnes, pour la plupart des femmes et des enfants, ont déjà quitté le pays" ajoute-t-il.

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Pour le ministère français des Affaires étrangères, "il n’y a pas de perspective d’amélioration à court terme". Selon les termes de son communiqué, "la situation sécuritaire s’est détériorée à Conakry" et "des actes de banditisme se sont multipliés, en particulier des attaques à main armée", après la répression sanglante d’une manifestation de l’opposition le 28 septembre, qui a fait au moins 150 morts selon l’ONU.

"On m’a forcée à partir"

Certains candidats au départ, bien qu’optimistes quant à leur prochain retour, critiquent cette décision de Paris.

"On n’a pas le choix, tous les Français veulent rester, le souci c’est qu’on nous a donné l’ordre de rentrer", assure Sonia, tenant seulement une valisette. "On m’a forcée à partir", renchérit Sylvie, une coopérante qui ne voit pourtant pas de "menace xénophobe" contre la communauté française.

Plus mesurée, soeur Brigitte Busch, du monastère de Fringabé, proche de Kindia (nord), dit qu’on lui a "conseillé de partir".

"Je compte revenir, soyez tranquille, nous ne sommes pas dégoûtés de la Guinée", s’empresse de souligner la religieuse vêtue d’une robe kaki, tandis que Gilbert Belloz, un retraité, part retrouver sa région de Bordeaux (sud-ouest de la France) avec "un pincement au coeur".

Bien d’autres Français, "inconditionnels amoureux" de la Guinée, se refusent au départ.

"Nous vivons en parfaite intelligence avec nos amis français"

"Il n’a pas d’ordre d’évacuation, nous avons donc décidé de rester. J’ai mon travail ici", explique Sophie. Elle et son compagnon ne sont venus à l’aéroport que pour assister au départ d’une amie.

André, propriétaire d’une pâtisserie à Conakry, y vit depuis plus de 25 ans. Il a connu le régime du défunt Lansana Conté (1984-2008) puis celui de la junte dirigée par le capitaine Moussa Dadis Camara depuis décembre. Et il n’est pas disposé à laisser sa petite entreprise pour une "aventure" en France.

"Il n’y a pas de départ massif de Français de la Guinée", tranche le commissaire Bangaly Kourouma, responsable de la sécurité aéroportuaire, rattachée à la présidence guinéenne.

Pour lui, "l’histoire ne se répétera pas, après le ‘non historique’ de 1958" du leader nationaliste Ahmed Sékou Touré au général de Gaulle, qui avait poussé les Français à partir en masse, au lendemain de l’indépendance de cette ancienne colonie.

"Nous vivons en parfaite intelligence avec nos amis français en Guinée" assure le commissaire, convaincu que son pays vit "une crise passagère".

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