Niger : Tandja maintient les législatives envers et contre tous

Six millions de Nigériens sont appelés aux urnes ce mardi pour élire un nouveau Parlement de 113 députés, mais l’opposition et la communauté ouest-africaine demandent un report du scrutin et font pression sur le président Mamadou Tandja pour qu’il parte fin décembre.

Publié le 20 octobre 2009 Lecture : 2 minutes.

Membre de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cedeao), le Niger est en crise depuis que Mamadou Tandja, au pouvoir depuis dix ans, s’est octroyé le 4 août une prolongation de trois ans grâce à un référendum constitutionnel unanimement condamné tant dans le pays que par la communauté internationale.

Pour y parvenir, l’ancien colonel âgé de 71 ans a successivement dissous le Parlement puis la Cour constitutionnelle qui s’opposaient à son projet, et a enfin modifié le code électoral.

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La nouvelle Constitution supprime la limitation à deux mandats présidentiels de 5 ans successifs et renforce substantiellement les pouvoirs du chef de l’Etat. Depuis son adoption, le Niger vit au rythme des interpellations au sein de la société civile et de personnalités clés de l’opposition.

Dans la foulée, Mamadou Tandja avait annoncé la tenue d’un scrutin législatif le 20 octobre, conformément à "sa" Constitution, en lieu et place de législatives anticipées prévues un mois auparavant.

Demandes de report

L’opposition, dont les manifestations sont souvent réprimées, dénonce un "coup d’Etat" et appelle au "boycott massif" des législatives. "Après son coup d’Etat, M. Tandja veut apporter un vernis démocratique avec cette mascarade électorale", dénonce Mohamed Bazoum, un des dirigeants de l’opposition.

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Samedi, au moment même où plusieurs chefs d’Etats ouest-africains étaient réunis à Abuja (Nigeria) pour évoquer le cas de la Guinée et du Niger, des milliers de personnes ont manifesté à Niamey pour demander à la Cedeao de faire pression sur le président nigérien afin qu’il parte fin décembre, date à laquelle aurait dû avoir lieu une élection présidentielle.

La Cedeao lui a officiellement demandé de reporter sine die les législatives du 20 octobre afin de favoriser le dialogue" politique, et a dépêché dimanche des émissaires à Niamey pour une réunion de la dernière chance: la présidente libérienne Ellen Johnson-Sirleaf, l’ancien chef d’Etat du Nigéria Abdulsalami Abubakar et le président de la Commission de la Cedeao Mohamed ibn Chambas.

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L’organisation ouest-africaine a pris samedi quelques sanctions limitées contre le Niger (interdiction de présenter des candidats nationaux à des postes dans des organisations internationales, et d’accueillir des réunions de la Cedeao), mais si M. Tandja persiste, les sanctions deviendront alors "pleines et automatiques".

Future assemblée "monocolore"

Malgré ces avertissements, Niamey compte bien organiser le scrutin mardi, décrété jour férié, et les frontières terrestres seront fermées durant 24 heures. Il y a bien quelques candidats indépendants, mais la vingtaine de formations qui seront en lice sont pour la plupart proches du régime.

En lançant la campagne électorale, M. Tandja avait demandé un "vote massif" et "une majorité confortable" au Parlement afin de pouvoir "mener à bien ses grands chantiers".

La campagne qui s’est achevée dimanche s’est déroulée dans l’indifférence totale des populations qui n’ont eu droit qu’à de petits rassemblements de quartiers et des consignes de vote à la télévision d’Etat.

A Niamey, ce n’est pas non plus la fièvre électorale: quelques affiches et des portraits de candidats ont été posées devant le siège des partis ou placardés sur les vitres de voitures. Selon la presse et les médias privés, ce peu d’engouement est compréhensible: il n’y a pas d’enjeux et la future Assemblée sera "monocolore".

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