Massacre en Guinée : la junte contrainte d’accepter une enquête internationale

Des enquêteurs des Nations Unies sont attendus « très vite » en Guinée.

Publié le 19 octobre 2009 Lecture : 3 minutes.

L’étau international se resserre autour de la junte au pouvoir en Guinée qui a été contrainte d’accepter la mise en place d’une commission d’enquête de l’ONU sur le massacre d’opposants perpétré il y a trois semaines par l’armée.

La visite du secrétaire général adjoint de l’ONU aux affaires politiques Haïlé Menkerios, arrivé dimanche à Conakry et qui devait repartir lundi, a pris l’allure d’une pré-enquête sur cette répression sanglante d’un rassemblement pacifique de l’opposition, qui a coûté la vie à plus de 150 personnes.

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M. Menkerios a d’abord discuté longuement avec le Premier ministre guinéen Kabiné Komara, puis avec les dirigeants de l’opposition et enfin avec le chef de la junte, le capitaine Moussa Dadis Camara.

Le fonctionnaire onusien a réclamé "une coopération sincère des autorités, la sécurité pour l’équipe d’enquêteurs et la mise à la disposition de la documentation" sur cette répression, selon une source proche de la rencontre.

"L’impunité n’est plus acceptable en Guinée"

"Le Premier ministre et le président (Dadis Camara, ndlr) m’ont assuré qu’ils sont prêts à coopérer avec cette commission d’enquête" a déclaré M. Menkerios, à sa sortie, dimanche soir, du camp militaire Alpha Yaya Diallo, siège de la junte.

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Il a également évoqué une volonté du pouvoir guinéen de "prendre langue avec la communauté internationale".

Mais l’émissaire de l’ONU était porteur d’un message de fermeté: "Tous les pays voisins et africains ont été choqués par les évènements du 28 septembre" a-t-il dit. "L’impunité n’est plus acceptable en Guinée".

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Selon de très nombreux témoignages, les forces de défense et de sécurité guinéennes, commandées par des officiers proches du chef de la junte, ont mis en oeuvre une "violence inouïe" pour disperser un rassemblement d’opposants dans le plus grand stade de Conakry.

La junte avance un bilan officiel de 56 civils morts et 934 blessés, tandis que l’Organisation guinéenne de défense des droits de l’Homme estime que plus de 157 personnes ont été tuées et 1. 200 blessées, dont de nombreuses femmes violées en public. L’ONU évoque un bilan d’au moins 150 morts.

Le porte-parole des "forces vives" (partis d’opposition, syndicats, organisations de la société civile), Aboubacar Sylla, a réclamé une "date précise" pour le démarrage de l’enquête.

Mais M. Menkerios a simplement indiqué que les enquêteurs étaient attendus "très vite" en Guinée.

Opposants enfermés

Il devait par ailleurs accentuer lundi la pression sur la junte pour que soient remis en liberté les manifestants arrêtés le 28 septembre et toujours détenus, selon l’opposition, dans différents camps militaires et d’autres endroits non conventionnels.

Moussa Dadis Camara avait été porté au pouvoir par un coup d’Etat sans effusion de sang, le 23 décembre 2008, après la mort du dictateur Lansana Conté qui dirigeait le pays depuis 1984.

L’officier putschiste envisage à présent d’être candidat à la présidentielle prévue en janvier, après avoir maintes fois promis qu’au terme de la transition, il confierait le pouvoir à un président civil.

L’Union africaine avait fixé un ultimatum – qui a expiré samedi à minuit – aux membres de la junte pour s’engager par écrit à ne pas se présenter aux élections. Mais Dadis Camara a demandé que la question de son éventuelle candidature soit inscrite dans la médiation du président burkinabè, Blaise Compaoré.

Mais la Commission de l’UA a déclaré vouloir maintenir la pression pour faire partir la junte. Elle devrait se prononcer sur des sanctions "au plus tôt à la fin du mois", selon un responsable de l’UA.

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