France : suspension d’un médecin rwandais soupçonné de génocide
Eugène Rwamucyo est recherché par Interpol.
Un médecin rwandais, Eugène Rwamucyo, a été suspendu jeudi de son poste à l’hôpital de Maubeuge, dans le nord de la France, après la découverte d’un avis de recherche d’Interpol à son encontre pour son implication présumée dans le génocide de 1994.
Le directeur de l’hôpital, Henri Mennecier, a indiqué samedi avoir pris cette mesure "devant la gravité des faits dont est soupçonné le médecin, et pour maintenir un climat serein au sein de l’établissement".
Eugène Rwamucyo, âgé d’une cinquantaine d’années, habite en Belgique. Selon le site internet d’Interpol, il est soupçonné d’implication dans le génocide au Rwanda et de crimes de guerre.
Le directeur de l’hôpital, "à 10. 000 lieues d’imaginer" que ce médecin du travail "pouvait faire l’objet de telles accusations", dit avoir découvert la nouvelle mercredi, lors de la visite d’une journaliste qui enquêtait sur l’histoire.
L’accusé nie en bloc
Le médecin "m’a simplement dit qu’il faisait l’objet de ces accusations lourdes et qu’il ne les validait pas, qu’il niait en bloc toutes ces accusations", indique M. Mennecier.
Le docteur Eugène Rwamucyo exerce dans cet hôpital depuis mai 2008, après avoir travaillé au centre hospitalier universitaire de Lille. Il a été recruté "de manière tout à fait régulière", selon la direction qui indique par ailleurs que ses diplômes sont en règle, ainsi que sa situation administrative.
"Moi, j’attends de l’Etat français qu’il vérifie si ce monsieur est un criminel ou pas. S’il l’est, il n’a rien à faire ici, il n’a rien à faire en France", a déclaré le maire socialiste de Maubeuge, Rémi Pauvros, également président du conseil d’administration de l’hôpital, lors d’un point-presse.
"Ce médecin fait l’objet de demandes de renseignements d’Interpol et pas d’une demande d’arrestation", a toutefois indiqué une source judiciaire.
Une infirmière découvre le pot-aux-roses
Le praticien n’a, selon la direction de l’hôpital, fait l’objet "d’aucune remarque ni d’aucun grief professionnel".
L’affaire, révélée vendredi par le quotidien Le Monde, a débuté lorsqu’une infirmière appartenant au syndicat Sud-Santé a consulté le docteur Rwamucyo début octobre, lequel aurait formulé "des remarques déplacées sur son embonpoint", selon Vladimir Nieddu, porte-parole régional du syndicat.
L’infirmière a alors découvert que le médecin était recherché par Interpol en tapant son nom sur Google.
Le syndicat Sud-Santé affirme avoir alors alerté la police, saisi la justice des soupçons à l’encontre du médecin et adressé une demande d’enquête au ministère de la Santé.
Le génocide au Rwanda, perpétré d’avril à juillet 1994 par des extrémistes hutu, a fait, selon l’ONU, environ 800. 000 morts, essentiellement parmi la minorité tutsi.
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