Au Ghana, la multiplication des coupures d’électricité provoque la colère
L’annonce, par les distributeurs ghanéens d’électricité, de perturbations accrues du réseau électrique pour une durée de trois semaines irrite une population déjà soumise à des coupures fréquentes.
La Ghana Grid Company (GridCo) et l’Electricity Company of Ghana (ECG), en charge du transport et de la distribution d’électricité, ont annoncé dans un communiqué jeudi que le réseau électrique serait perturbé pour les trois semaines à venir à cause de « travaux de maintenance » au Nigeria d’où est acheminée une partie du gaz nécessaire au Ghana pour faire fonctionner ses centrales électriques.
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Cette annonce a plongé dans l’anxiété les Ghanéens, qui connaissent déjà des coupures d’électricité régulières et inopinées, appelées localement « dumsor » (« coupures » en langue akan). Bien qu’il soit l’un des pays africains les plus avancés dans l’électrification de son territoire, le Ghana souffre de pénuries chroniques et peine à élever ses capacités de production à la hauteur d’une demande croissante.
Très dépendant du gaz
Selon les chiffres de l’Agence internationale de l’énergie, l’électricité du pays provient à 63% du gaz naturel et à 34% de l’hydroélectricité, mais les centrales sont souvent vétustes et mal entretenues. Le Ghana est un producteur de gaz et de pétrole, mais il doit importer du gaz depuis le Nigeria, via le gazoduc ouest-africain (West African Gas Pipeline, WAGP) de 678 kilomètres qui relie les deux pays en passant par le Bénin et le Togo. WAPCo, la société qui gère le gazoduc, a elle aussi fait état dans un communiqué le 12 juin de « baisse de volumes du gaz disponible » à cause de « travaux de maintenance par l’un des producteurs de gaz nigérian ».
Ces dernières années, le Ghana est devenu très dépendant du gaz comme principale source d’énergie pour la production d’électricité, ce qui a exacerbé les pénuries d’électricité. « La dépendance à l’égard du gaz, en particulier des fournisseurs extérieurs, nous rend vulnérables, a expliqué à l’AFP Ben Boakye, directeur de l’Africa Centre for Energy Policy (ACEP). Le gouvernement doit donner la priorité aux investissements dans les énergies renouvelables et moderniser nos centrales hydroélectriques et thermiques existantes afin de garantir une alimentation électrique régulière. »
Judith Esi Baidoo, une vendeuse de volailles congelées âgée de 50 ans à Accra, a déploré les difficultés accrues auxquelles son entreprise est confrontée en raison de l’irrégularité de l’approvisionnement électrique. « Les coupures de courant actuelles rendent déjà très difficile la congélation de mes volailles, a-t-elle déclaré. Maintenant, avec ce plan de gestion de trois semaines, je crains que tout mon stock ne se détériore. Je ne sais pas comment mon entreprise peut survivre à cela. »
Un sujet majeur de la campagne présidentielle
Timothy Oddoye, qui répare des téléphones portables à Kokomlemle, dans la banlieue d’Accra, a estimé que le gouvernement « a laissé tomber » la population. « Il a eu des années pour régler ces soucis, mais nous souffrons toujours des mêmes problèmes, a-t-il déploré. Comment pouvons-nous développer nos activités si nous ne pouvons même pas compter sur une électricité de base ? »
Le 8 juin, des centaines de Ghanéens, dont des célébrités du monde du spectacle, ont manifesté à Accra contre les coupures d’électricité sous le slogan #DumsorMustStop. Ces coupures électriques passent d’autant plus mal auprès des Ghanéens que le pays sort à peine d’une crise économique violente qui a vu l’inflation grimper à 54% en décembre 2022. Elle était redescendue à 25% en avril dernier, mais la population est toujours éprouvée.
Le problème des délestages sera au cœur de la campagne présidentielle à l’approche des élections prévues en décembre. Le Ghana n’est pas le seul pays de la sous-région à être confronté à des coupures électriques : depuis le 1er mai, le Nigeria, qui souffre de délestages fréquents, a réduit ses approvisionnement au Togo, au Niger et au Bénin pour une durée de six mois.
(Avec AFP)
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