Réunion cruciale de la Cedeao sur la crise guinéenne

Les membres de la Cedeao se concentrent ce samedi à Abuja sur la crise en Guinée. Objectif : que le pays retrouve le calme.

Publié le 17 octobre 2009 Lecture : 3 minutes.

La Communauté économique des Etats d’Afrique de l’ouest (Cedeao) se réunit samedi à Abuja pour trouver une issue à la crise en Guinée, où la tension monte avant l’expiration d’un ultimatum de l’UA, qui exige des responsables de la junte de ne pas se présenter à la présidentielle de janvier 2010.

Déjà suspendue des instances dirigeantes de la Cedeao depuis le 10 janvier suite au coup d’état du capitaine Moussa Dadis Camara du 23 décembre 2008, la Guinée s’expose désormais à des sanctions plus ciblées, comme une liste de personnes interdites de voyager à l’étranger ou un gel d’avoirs.

la suite après cette publicité

Le sommet des chefs d’Etat s’ouvre alors que le chef de la junte fait face à une pression internationale de plus en plus forte.

Vendredi, le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon a décidé de créer une commission internationale d’enquête sur la répression d’une manifestation de l’opposition qui a fait plus de 150 morts selon les Nations unies, le 28 septembre à Conakry.

Lors d’un premier sommet le 12 octobre, la Cedeao avait fermement condamné ces "tueries brutales" et le risque de "nouvelle dictature". Son président en exercice, le Nigérian Umaru Yar’adua, avait déjà réclamé une enquête internationale sur "les graves violations des droits de l’homme incluant le massacre de civils désarmés et des viols", pour "identifier et poursuivre les coupables de ces actes devant des juridications guinéennes ou internationales".

"La Guinée va bien"

la suite après cette publicité

La Cour pénale internationale (CPI) procède de son côté à un "examen préliminaire" de la situation afin de déterminer si des crimes relevant de la compétence de la Cour ont été commis le 28 septembre.

Dans son ultimatum, l’Union africaine a donné jusqu’à samedi minuit aux membres de la junte, notamment au capitaine Dadis Camara, pour s’engager par écrit à ne pas se présenter à la présidentielle de janvier, comme ils l’avaient promis lors du coup d’Etat.

la suite après cette publicité

Ces pressions tous azimuts ne semblent pourtant pas émouvoir outre mesure la junte au pouvoir à Conakry. "La Guinée va bien, nous avons plus de pression extérieure qu’intérieure", déclarait ainsi vendredi Idrissa Cherif, le conseiller spécial du capitaine Dadis Camara, à la télévision burkinabè.

Médiateur de la Cedeao dans le conflit, le président du Burkina Faso Blaise Compaoré "va faire (samedi) des propositions à ses homologues pour trouver une solution rapide à la crise", a indiqué à l’AFP l’un de ses conseillers.

Mais, relève un spécialiste, au delà d’une suspension déjà effective depuis janvier dernier, l’organisation régionale de 15 Etats ne dispose pas de beaucoup de moyens de rétorsion contre la junte de Conakry. "C’est un peu un gendarme sans bâton", estime le même spécialiste selon qui le sommet de samedi devrait surtout se traduire par la mise en route d’un processus relayé par l’Union africaine et l’ONU.

La crise nigérienne au programme

La Cedeao a également au menu une autre crise dans un autre de ses Etats membre : le Niger, où contre vents et marées, le président Mamadou Tandja, en place depuis dix ans, s’est octroyé en août dernier une rallonge de trois ans, malgré une condamnation internationale unanime.

Le sommet intervient à trois jours d’élections législatives au Niger. La Cedeao devrait proposer samedi le report de ce scrutin car, selon un responsable de l’organisation, la plupart des partis ont été de facto "mis hors jeu".

La Cedeao, qui a son siège à Abuja, compte quinze pays membres : huit francophones (Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Guinée, Mali, Niger, Sénégal et Togo), cinq anglophones (Gambie, Ghana, Liberia, Nigeria et Sierra Leone) et deux lusophones (Cap Vert et Guinée-Bissau). La Mauritanie s’en est retirée en décembre 2000.

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

La rédaction vous recommande

Contenus partenaires