« Conséquences désastreuses » des opérations anti-FDLR sur les civils
Un rapport co-rédigé par 84 ONG révèle les « conséquences désastreuses » des opérations destinées à déloger les rebelles hutu rwandais de l’Est de la République démocratique du Congo.
Un groupe d’ONG internationales et congolaises a dénoncé mardi le "coût inacceptable" et les "conséquences désastreuses" pour les populations civiles des opérations anti-FDLR menées par l’armée congolaise, soutenue par l’ONU, dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC).
"Depuis le début des opérations militaires contre les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) en janvier 2009, plus de 1.000 civils ont été tués, 7.000 femmes et filles ont été violées et plus de 6.000 logements ont été détruits par le feu dans les provinces" du Nord et Sud-Kivu (est), écrivent dans un communiqué 84 ONG d’aide humanitaire et de défense des droits humains, regroupées dans la Congo Advocacy Coalition.
"Près de 900.000 personnes ont été forcées d’abandonner leurs maisons et vivent dans des conditions désespérées avec des familles d’accueil, dans des zones forestières ou dans des camps sordides pour personnes déplacées, avec un accès limité à la nourriture et aux médicaments", ajoute le groupe.
"Les conséquences de l’opération militaire actuelle sur le plan humanitaire et des droits humains sont tout simplement désastreuses", juge Marcel Stoessel, directeur de l’ONG Oxfam, cité dans le communiqué.
Le soutien de la Monuc
Les Casques bleus de l’ONU "doivent de toute urgence travailler avec les forces gouvernementales pour garantir que les civils obtiennent la protection dont ils ont besoin, faute de quoi ils doivent cesser leur soutien", plaide-t-il.
Quelque 4 à 6.000 combattants FDLR se trouvent au Nord et au Sud-Kivu. Certains ont participé au génocide de 1994 contre la minorité tutsi au Rwanda avant de s’installer dans l’est de la RDC, une des régions les plus instables du pays.
Autrefois supplétifs des forces gouvernementales congolaises, les rebelles hutus rwandais sont poursuivis depuis fin mars par l’armée de Kinshasa, appuyée par les Casques bleus de l’ONU pour la logistique et la stratégie, dans la foulée d’une opération conjointe en janvier-février des armées congolaise et rwandaise.
Le 26 août, le patron de la Mission des Nations Unies en RDC (Monuc), Alan Doss, s’était félicité du "bilan largement positif" des opérations militaires contre les FDLR.
Exactions des Hutus et des soldats congolais
Les organisations dénoncent les meurtres commis tant par les rebelles hutus "qui ont délibérément pris les civils pour cible en représailles" des opérations menées contre eux, que par des soldats congolais accusés également de "viols, pillages, travail forcé et arrestations arbitraires de façon systématique".
"Les violences sexuelles ont été encore plus brutales dans les zones touchées" par les opérations militaires, ajoute le communiqué.
"Nous constatons davantage de cas de mutilations, d’extrême violence et de torture dans les violences sexuelles commises contre les femmes et les filles, et un bien plus grand nombre des victimes sont des enfants", affirme Immaculée Birhaheka, de l’ONG congolaise Promotion et Appui aux Initiatives Féminines (PAIF).
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