L’UE estime que Dadis doit être jugé « pour crime contre l’Humanité »
Le chef de la junte en Guinée, le capitaine Moussa Dadis Camara, doit être jugé « pour crime contre l’humanité », à la suite de la répression sanglante du 28 septembre à Conakry, a déclaré mercredi le Commissaire européen en charge du développement et de l’aide humanitaire.
"Le leader du coup d’Etat doit rendre compte de ses actes devant un tribunal pour crime contre l’humanité", a estimé Karel de Gucht lors d’une conférence de presse au siège de l’Union africaine (UA).
"La répression du 28 septembre a été d’une brutalité jamais vue. On est véritablement confronté à un crime contre l’humanité. Et il y a une idée de principe qui est que, partout, quand il se passe un crime contre l’humanité, ces crimes soient jugés", a-t-il expliqué.
"La justice internationale doit aussi être universelle, sinon elle perd sa crédibilité", a-t-il insisté.
La violente répression d’une manifestation de l’opposition à Conakry le 28 septembre a soulevé l’indignation de la communauté internationale.
Ultimatum
La junte affirme que 56 civils ont été tués et 934 personnes blessées, tandis que l’Organisation guinéenne de défense des droits de l’Homme estime que plus de 157 personnes ont été tuées et 1. 200 blessées, dont de nombreuses femmes violées. Les Nations unies ont fait état de plus de 150 morts.
M. de Gucht s’exprimait à l’issue d’une réunion UA-UE qui a notamment évoqué les questions de paix et sécurité en Afrique, et des changements inconstitutionnels de pouvoir.
Le capitaine Moussa Dadis Camara a pris le pouvoir lors d’un coup d’état sans effusion de sang en décembre 2008, après la mort de Lansana Conté, qui dirigeait le pays depuis 1984.
L’UA a fixé au 17 octobre la date limite pour que le chef de la junte renonce à se présenter à la présidentielle prévue en janvier, ainsi que tous les membres de la junte.
La menace de sanctions
Le Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l’UA a prévu de se réunir jeudi après-midi pour se prononcer sur cette question.
"Je ne vois pas pourquoi il y aurait opposition entre l’UA et l’UE sur ce sujet. Notre communiqué est la réflexion d’un consensus international", a précisé le Commissaire du département Paix et sécurité de l’UA, Ramtane Lamamra au cours de cette conférence de presse.
"Ce que nous voulons, c’est remettre sur les rails le processus de transition en Guinée", a-t-il indiqué, rappelant que "dans les prochaines 48 heures, le CPS devra se prononcer" sur les sanctions, si les responsables de la junte ne se sont pas engagés par écrit à ne pas se présenter à la prochaine élection.
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