Comment Vladimir Poutine est devenu l’un des hommes les plus riches du monde
En trois décennies, l’ancien agent du KGB et actuel président russe a amassé une des fortunes les plus considérables de la planète. Une bande dessinée raconte le système qu’il a mis en œuvre.
Entre 150 et 200 milliards d’euros. La fortune personnelle dont pourrait aujourd’hui disposer Vladimir Poutine dépasse l’entendement. Mais comment le président russe est-il devenu l’un des hommes les plus riches du monde ? C’est la question à laquelle se sont proposés de répondre le journaliste d’investigation Yvonnick Denoël et le dessinateur Gildas Java, dans une bande dessinée sobrement intitulée La fortune de Poutine.
Parue le 15 mai dernier chez Nouveau Monde Éditions, celle-ci raconte l’épopée d’un ancien agent du KGB, Vladimir Poutine donc. Alors que l’URSS s’effondre, celui-ci va profiter des plans des services de renseignement russes. Ces derniers, conscients de la marche de l’Histoire, se sont empressés de mettre à l’abri les immenses fonds cachés du régime en les investissant à l’étranger, dans des entreprises et des banques.
C’est la naissance du capitalisme russe, ainsi que celle du règne des oligarques, sous le regard bienveillant des stratèges du KGB. Ceux-ci trouvent en Vladimir Poutine, qui a travaillé pour les renseignements soviétiques en Allemagne de l’Est, l’un de leurs meilleurs lieutenants. Ils l’envoient à Saint-Pétersbourg afin de participer à l’ascension d’un homme, Anatoli Sobtchak.
Prigojine parmi les oligarques
Ce dernier devient maire, tandis que Poutine s’impose comme son bras droit. Le futur président gère les finances de la ville et, en particulier, le domaine des entreprises étrangères souhaitant venir investir dans la jeune Russie capitaliste. Il se charge, aussi, de traiter avec les familles du crime organisé, partie prenante du système. Et, bien sûr, applique les ordres du KGB, devenu FSB, à la lettre.
Son ascension ne s’arrêtera plus. De Saint-Pétersbourg à Moscou, Vladimir Poutine grimpe les échelons, jusqu’à devenir patron du FSB sous le président Boris Eltsine. Année après année, il prend la main sur l’oligarchie russe, contrôlant les rouages de ce qui sera l’un des plus grands hold-up de l’histoire de l’économie. Autour de lui, les milliardaires jonglent avec les sociétés d’État et les milliards, avec son accord et sous sa menace.
Boris Berezovski, Mikhaïl Khodorkovski, Roman Abramovitch, Alexeï Miller, Arkadi Rotenberg, Guennadi Timtchenko ou Iouri Kovaltchouk ne sont que quelques-uns de ces hommes, dont certains ont aujourd’hui choisi l’exil après avoir été écartés par l’actuel maître du Kremlin. D’autres ont été assassinés. Devenu président en 2000, le maître actuel du Kremlin a, année après année, monnayé sa protection, chacun de ses affidés devant verser des commissions et lui réserver une partie de sa fortune.
« Il est très difficile de recenser tous ses avoirs, car ils sont répartis dans un labyrinthe de sociétés-écrans, de biens immobiliers et de comptes d’autres personnes [parmi lesquels des membres de sa famille, des amis d’enfance ou des affidés en tout genre]. [Mais] Poutine se qualifie haut la main pour le titre de plus grand prédateur économique de l’Histoire », expliquent les auteurs Yvonnick Denoël et Gildas Java.
Un système de prédation jusqu’en Afrique
Un autre homme bien connu du continent africain a aussi versé sa part à la fortune personnelle de Vladimir Poutine : Evgueni Prigojine. Repris de justice incorporé aux réseaux Poutine lorsque l’ex-agent du KBG n’était « que » le maître officieux de Saint-Pétersbourg, celui-ci a bénéficié de mirobolants contrats d’État avant de proposer ses services dans le mercenariat et l’influence numérique en créant la nébuleuse Wagner.
Evgueni Prigojine a, comme chacun des oligarques, payé son droit d’entrée et de participation à la grande gabegie russe, avant d’être éliminé après s’être rebellé en juin 2023. Quel pourcentage de l’or, des diamants ou du bois précieux captés au Mali ou en Centrafrique par Wagner est venu alimenter l’immense fortune personnelle de Vladimir Poutine ? Nul ne le sait.
Depuis la mort de Prigojine, les activités économiques du groupe ont en tout cas été reprises en main par les renseignements militaires russes, signe que le système bâti après la chute de l’URSS a de beaux jours devant lui. En 2013, rappellent Yvonnick Denoël et Gildas Java, le Credit Suisse estimait que 110 personnes détenaient 35 % de la richesse privée de la Russie. La plupart étaient des amis et alliés de Poutine. La donne n’a pas changé.
La fortune de Poutine, d’Yvonnick Denoël et Gildas Java, Nouveau Monde Éditions, 128 pages, 22,90 euros
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