L’Afrique désormais mauvaise élève de l’émission de dioxyde de carbone
Même mise en perspective, la bascule est inquiétante : une étude sud-africaine révèle que, sur le continent africain, les émissions des gaz à effet de serre d’origine humaine dépassent la quantité absorbée par les écosystèmes des zones tropicales.
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Damien Glez
Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.
Publié le 19 juin 2024 Lecture : 2 minutes.
Devra-t-on retirer la médaille de bon élève écologiste attribuée à l’Afrique, au regard de ses faibles émissions de dioxyde de carbone ? Sans l’avoir cherché, le continent et ses raisonnables densité de population, rythme d’urbanisation et niveau de consommation apparaissaient comme « écolo ».
Certes, l’Afrique, qui représente 15 % de la population mondiale, ne génère qu’environ 4 % des émissions mondiales de combustibles fossiles. Mais les scientifiques ne raisonnent pas qu’en masses générales. Ils étudient le bilan de chaque zone en matière d’émission et d’absorption du dioxyde de carbone qui reste, à l’état naturel, le principal gaz à effet de serre. Or, l’Afrique n’est plus le « puits de carbone » qu’elle était…
Dans un article intitulé « Le budget régional des gaz à effet de serre de l’Afrique, 2010-2019 », des chercheurs de l’université sud-africaine du Witwatersrand dévoilent les principaux enseignements de la récente étude du programme « Écosystèmes futurs pour l’Afrique ». Le continent émet désormais plus de dioxyde de carbone qu’il n’en stocke…
Zones tropicales débordées
Les scientifiques mesurent « l’équivalent CO2 » qui sert à comparer les émissions de différents gaz à effet de serre, en fonction de leur effet potentiel sur le réchauffement planétaire. On estime que le continent africain libère désormais, dans l’atmosphère, 4,5 gigatonnes d’équivalent CO2 chaque année. Des émissions que ne compensent plus la capture et le stockage de gaz à effet de serre par les écosystèmes des zones tropicales.
Corrélé avec les évolutions démographiques, le problème résiderait notamment dans la contribution de l’agriculture africaine à la dégradation de l’environnement. L’étude sud-africaine affirme que « près de 40 % des émissions mondiales liées à l’utilisation des sols proviennent de ce continent ». L’industrialisation, l’urbanisation, les feux de forêt naturels et les émissions de méthane -notamment par les termites – accentuent la tendance.
Un train de mesures à financer
Si une partie de l’Afrique s’est longtemps désintéressée de débats environnementaux qu’elle renvoyait à la face des pollueurs industrialisés des pays occidentaux, elle a désormais intégré l’impériosité de mesures d’adaptation de son environnement. Il était déjà évident que les zones les plus fragiles du continent, sur le plan climatique, payaient, à l’échelle mondiale, l’un des plus lourds tributs du réchauffement. Des chiffres publiés par l’Agence française de développement, en septembre dernier, indiquaient même que l’Afrique se réchauffait plus vite que la moyenne mondiale.
L’inquiétude ne peut qu’augmenter, avec la découverte que le continent émet désormais davantage de dioxyde de carbone qu’il n’en absorbe. À défaut d’être financées, les solutions sont bien connues : investissement massif dans les énergies renouvelables, gestion durable des terres agricoles, reforestation et préservation des écosystèmes…
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